Voilà quelques années qu’Yvan Marc a quitté son emploi de prof d’éducation socio‐culturelle pour battre la campagne au côté de son pote Mickey 3D. 5ème album du stéphanois, « La cerise » sonne le retour d’Yvan après quelques années de galères nous ouvrant grand les portes de son univers réaliste et sans illusion entre rock et chanson française.

Premier titre sorti sur les ondes, « J’oublie » ouvre cet opus. Arrangement très classique pop rock, guitares saturées, le stéphanois réalise un duo de très bonne facture avec la jeune Lisa Portelli. Pourtant rien de transcendant dans cette mélodie, dans cette structure et dans ce tout finalement très pastel. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve sur « Les filles » duo un peu transparent avec son ami Mickey 3D ou « La couleur du matin » d’où émerge la douce nonchalance d’Yvan. Le français semble se fondre dans la masse des chanteurs français sans réussir à sortir un univers propre.

« L’air pur » apporte ce bol rafraîchissant salvateur. Sur une mélodie entraînante et mélancolique, Yvan nous dévoile ses talents de compositeur. Une simplicité se dégage de ce titre et le rend si attachant. Pas de grands ensemble ni de multiples couches, l’émotion est palpable sous cette instrumentation tenue mais sous laquelle on ressent comme un titillement rock, de ce rock de qualité loin des standards variétés lisses et sans âme.

Et c’est ce qui apparaît clairement sur la suite de l’opus. Ouvrant les hostilités avec « Les grilles fermées » s’inscrivant dans la droite ligne d’un rock francais revendicateur, Yvan nous plonge dans un univers mêlant nonchalance et fatalité sur fond de crise, enchaînant les titres toujours très réalistes. C’est ainsi qu’on est entraîné dans la mélancolie et le réalisme de « Promis » où l’humour noir et très fin de « La c(e)rise » riant de cette situation pour mieux s’en extraire.

Car la crise a touché aussi de plein fouet l’artiste qui a vu coup sur coup son tourneur et son label faire faillite. Sous des airs de Dominique A sur « L’équilibre » et « Le moulin », Yvan parle de situation connue et vécue ce qui ajoute une réelle pertinence à ses écrits dans lesquels l’espoir n’est jamais bien loin à l’image des rebondissements successifs de sa carrière. Brut comme sur « Contrebandier » portant la patte Mickey 3D, mais jamais grossière, la musique d’Yvan ne laisse pas indifférent.

Artiste complet, Yvan Marc réussit un album de chansons réalistes teintées d’un humour fin et addictif. Simples, sans fioriture, les chansons du stéphanois touchent et font écho au contexte actuel au travers d’une chanson rock entre brutalité et finesse.

Arnaud Le Tillau
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