Spiritualized – « Everything was beautiful » – La Chronique

Avec ce neuvième album, les anglais de Spiritualized terminent avec brio un travail commencé sur le précédent album sorti en 2018. Complétant la citation de Kurt Vonnegut ce « Everything was beautiful » nous subjugue de sa beauté et de son audace folle. Construit dans une période (le confinement) particulière, l’arrêt de la course effrénée du monde a permis à son leader Jason Pierce de prendre le temps de réaliser une musique à la rigueur impressionnante. Au travers de 7 titres aux excès délicieux, la bande de Jason Pierce nous propose une musique riche et enveloppante à la pop orchestrale qui n’a de cesse de se renouveler. Spiritualized signe ici un opus d’une grande qualité et qui nous cloue de sa puissance harmonique.

Dans un premier titre qui pose de suite le décor, Spiritualized nous immerge sur «Always Together with you » dans une musique aux multiples couches instrumentales qui n’en finissent pas de s’entrecroiser. Brillant en terme d’harmonie, ce premier titre nous emporte dans une sorte de symphonie rock aux accents psychédéliques. On est aspiré par la vitalité de cette musique qui malgré les multiples couches ne souffre aucunement d’une lourdeur pop. Tout est ici pesé, précis et on est comme envouté par cette mélancolie pop qui s’en dégage. De la même façon un titre comme « Best Thing You Ever Had » nous propulse dans ce mélange de rock et de pop qui fait la part belle aux harmonies puissantes.

Repoussant leur pop dans ses retranchements sur ces 2 premiers titres, le résultat que propose Spiritualized nous bluffe de sa précision. Tout chez eux transpire le travail et le génie musical. Les instruments s’enchainent et ne cesse de s’entrechoquer dans une fanfare aux envolées lyriques qui retombe toujours sur ses pattes. Travaillant une puissance toute scénique dans une musique qui n’en finit plus de nous faire frissonner de sa chaleur, le groupe concentre en une bande son extrêmement dense, une pop virant au psychédélique.

Capable de nous surprendre dans une sorte de country à la pop minutieuse sur « Crazy » ou dans le très brillant et brouillon « The A Song » , les anglais n’en finissent pas de proposer une musique aux envolées sur vitaminées. Il y a du Arcade Fire dans un titre comme « The Mainline Song ». Tout y est, ce rock incandescent, cette pop envoutante et cette construction dans l’instrumentation qui ne laisse aucun répit. On est de suite embarqué par cette musique aux multiples facettes qui nous fait face. Dans une sorte de cavalcade qui nous met en joie, les anglais déclinent à l’envie un thème des plus entêtants. Le résultat est on ne peut plus addictif. Travaillant, une musique en forme de montagne russe, ils mélangent illustration sonore et musique pour un tout qui apparait parfait en terme de puissance sonore.

Il y a chez Spiritualized une capacité à oser qui fait un bien fou. Malgré un passé mouvementé et une légitimité qui ne fait plus débat, les anglais continuent de proposer de nouvelles choses avec une joie tout enfantine. Dans ce nouvel album, ils cultivent une complexité à la richesse troublante et propulsent leur musique au rang d’art contemporain. Tout chez Spiritualized transpire le travail et le génie musical. Pop, rock orchestral, électro tout semble mélanger pour un résultat unique en son genre qui donne à voir une musique en forme de véritable ferveur rock. On aime de suite ce mix qui n’en finit pas de jouer aux montagnes russes avec nos émotions. On se délecte de cette musique hors des clous et du temps qui envoie du bois comme aucune autre. Toujours dans la surenchère, les compositions de ce nouvel album sont clairement dans l’excès mais sans jamais n’être lourdes ou déplacées. Tout fonctionne, tout explose et pourtant à chaque fois Spiritualized retombe sur ses pattes avec un flegme tout britannique.