/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 05-03-17

Matmatah – « Plates Coutures »

En 2015 sortait un coffret récapitulant ces quelques 13 années de service d’un des plus grands groupes bretons que la France ait connus. Cet anthologie intégrait, outre une rétrospective superbement retracée de la vie du groupe, quelques inédits que 3 membres du groupe avaient exhumés des leurs archives. Est-ce ces retrouvailles autour d’un projet commun ou bien tout simplement l’envie de reprendre la route, toujours est-il que les français nous proposent en ce mois de mars un nouvel album intitulé « Plates Coutures ». On y redécouvre un groupe toujours aussi puissant et n’ayant pas pris une ride.

C’est en fanfare que ce nouvel album démarre. « Nous y sommes », sorte de cri de ralliement autour d’un idéal commun, la troupe de Tristan Nihouarn nous sert un titre au texte tranchant dans un écrin où le rock s’expose dans une électro grattante nous prouvant que les bretons n’ont rien perdu de leur vigueur. Abordant avec cynisme la société actuelle, Matmatah se plaît à reprendre ses thèmes de prédilection dans une composition au rock affûté et dynamique. S’appuyant sur leur style si caractéristique, ils nous inondent de mélodies puissantes et addictives comme on les aime.

Guitares saturées à la mode 90’s, mélodies aux harmonies travaillées, Matmatah fait du Matmatah avec toujours ce feu intérieur et cette rage intacte. Ces quelques années de repos n’ont pas émoussé l’approche tranchante des bretons. Composant de véritables odes aux mélodies simples et puissantes qui prendront à n’en point douter toute leur envergure en concert, ils réussissent à nous emporter dans une approche saine et frontale.

Dynamique à souhait, la musique des français mêle toujours riffs de guitares extrêmement addictifs et ritournelles bretonnes avec un sens aigu des harmonies comme sur « Magicpop ». Engagés politiquement, ils dénoncent avec véhémence les abus de notre société « Marée Haute » tout autant que l’abus des radicalisés « Petite Frappe ». Les français puisent dans le chaos ambiant pour mieux dénoncer la brutalité d’une société prise à son propre jeu. Jouant sur le chaud-froid dans la forme et tranchant dans le texte, les bretons ne faillissent pas à leur réputation d’agitateur public en s’invitant sur le ring politique.

Pop rock au soft assumé sur un titre comme « Entre les lignes » ou « Toboggan », Matmatah nous propose quelques compositions plus calmes au background lancinant et délicieusement entêtant. Jouant sur les harmonies de voix et une instrumentation nuancée, les français réussissent une fois de plus une composition simple et terriblement engageante. A l’aise aussi bien dans un rock tranchant que dans une pop plus légère, les bretons prouvent que cette reformation n’est pas qu’une histoire d’argent mais bel et bien une nouvelle aventure humaine qu’ils souhaitent reprendre.

Matmatah réussit dans cet album à nous faire oublier ces quelques années de silence et nous concocte un album singulier dans la droite ligne de leur précédents opus. Équilibrant avec intelligence les titres tranchants et ceux plus doux, les français gardent en eux cette irrévérence, ce côté rageur et volcanique qui fait le sel de leur composition sans passer sous silence une maturité qui se fait jour au travers de textes profonds et réfléchis.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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