Producteur bordelais de génie, John Ducasse nous propose un premier EP intitulé « Transmute ». Entièrement instrumentale, la musique du français nous fait dériver sur les rives complexes d’une électro organique à la violence esthétique. Dans une reconstruction qu’il se plait à mettre en scène, il réussit à produire 4 compositions possédant une sorte graphisme à la noirceur étudiée et diablement enivrante. 

Il y a des artistes qui nous prennent à la gorge dès les premiers accords. C’est le cas de John Ducasse qui multiplie en ce moment les projets et nous délivre une instrumentation à la puissance terrassante. Dans une musique à la basse survitaminée, le jeune français déboule dans une orgie de bonnes ondes et s’empresse de presser une musique à l’électro grandiose. Sur ce « Black Eyed »,  le français met les formes et nous entraine dans une instrumentation vertigineuse compulsant pop et électro de fin du monde. Le résultat est détonnant et n’en finit pas de nous happer de sa musique très graphique.

Profonde, haletante et puissante, la musique du bordelais nous fait penser aux sons de Skread alter ego musical d’Orelsan. Dans une approche toujours aussi détonnante, le français déforme l’espace temps pour un rendu spatial aux envolées cristallines sur « Heartbreak ». Mélangeant superbes basse harmonique et électro à la puissance inégalée, il réussit en quelques minutes à nous faire décoller et nous emporter dans son univers aux sonorités gluantes. Il y a quelque chose de l’ordre de matière noire dans cette musique, qui sous la pression semble se déformer et nous entrainer dans une musique aux sonorités puissantes et magnifiques . 

On est happé par cette musique peuplée d’une sorte d’âme « Utopia ». Dans un univers au noir de rigueur, John Ducasse dessine une musique excitante à bien des propos. Cultivant une esthétique entre expérimentation et électro pop grandiose, le français sidère de sa capacité à synthétiser une ambiance de fin du monde. Travaillant une industrialisation jouissive dans une atmosphère entre Rammstein et Woodkid, le bordelais se précipite pour mieux nous enivrer de ses idées follement addictives. On se laisse prendre au jeu de cette musique à la décontraction étudiée qui nous ravi d’un souffle frais. Loin des stéréotype d’une électro pop commerciale, le français construit un univers lourd et épais qui nous transporte.

Jouant à la frontière d’une matière musicale proche parfois de l’illustration sonore, John Ducasse  impose sa patte entre créations à l’électro proche de l’expérimentation et puissance pop à la déflagration toujours très étudiée. On est comme happés par cette musique qui s’enroule et vient nous faire frissonner de ses ondes puissantes. Tonitruant puis calme, explosif puis intimiste, la musique du français se joue des styles et s’invente son propre tempo. Dans une beauté noir et brute, le français construit une oeuvre à l’esthétique rude et perçante qui ne nous laisse pas indifférent. 

Nos coups de  : BLACK EYED, HEARTBREAK

Note : 9.5/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com