Les écossais de Mogwai sont de retour avec « Rave Tapes », un huitième album studio où la patte electro-rock du groupe est identifiable à chaque mesure, mais se fait toujours plus chirurgicale et mélodique au grès des albums. Un balancement perpétuelle entre ombre et lumière qui qui n’appartient qu’à eux, et qu’on redécouvre toujours avec le même plaisir.

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Ce qui fait la particularité de « Rave Tapes », c’est sans aucun doute la combinaison saisissante des éléments qui le compose. Les synthétiseurs saturés et les guitares électriques s’entrechoquent avec des pianos aériens et des lignes de basse virevoltantes. Résultat? Un album tout en contraste où se mêle dans un même titre un sentiment de mélancolie exacerbée et une envie de grand espace résolument optimiste à l’image de « No Medicine for Regret ».

Un tiraillement perpétuel et tout en nuance où les énormes batteries rock sont portées par des nappes synthétiques et arpèges électroniques tout aussi imposants. Des machines qui transmettent une émotion? Deux fous casqués s’y sont essayés avec brio il n’y a pas si longtemps, mais à l’écoute d’un titre comme « The Lord is Out Of Control », on se dit que le vocodeur et la classe internationale ne sont pas réservés uniquement au duo parisien.

Car du côté de Glasgow aussi, on sait manier le synthétiseur. Le single « Remurrded » allie à la perfection guitare/batterie rock et arpèges analogiques inquiétants dans une ambiance sombre et hypnotique. Des titres sous-tension permanente, ce qui permet certaines progressions hallucinantes, comme la splendide montée en puissance de « Heard about you last night ».

Mogwai sait doser chaque ingrédient, et chaque composition dégage une puissance et une violence sous-jacente immédiatement contrebalancée par une mélodie douce-amer et au lyrisme indéniable. Ce n’est pas pour rien que le groupe a signé en 2012 la musique de la série «Les Revenants » tant l’univers du groupe distille un parfum cinématographique omniprésent. A l’exception de « Blues Hour » et de l’étonnant « Repelish » qui nous explique la portée satanique du « Stairway to heaven » de Led Zeppelin, l’ensemble des titres instrumentaux de « Rave Tapes » semblent sortis tout droit d’une bande originale d’un film imaginaire, un film noir et futuriste, violent et mélancolique, mais toujours avec une lueur d’espoir.

Avec ce nouvel album, Mogwai déroule une nouvelle fois des instrumentaux impeccablement nuancés, tissant inlassablement une toile auquel on se laisse prendre imperceptiblement.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com