Fhin – « around.away »
Jeune producteur parisien, Fhin a à son actif un premier EP streamé plus de 5 millions de fois et des collaboration avec Zimmer ou Polo & Pan. Pour son deuxième EP, le français continue son électro douce et attachante dans un « around.away » aux sonorités rondes et envoûtante comme on en fait peu.
Dressant sur un premier titre éponyme léger et sobre, une partie vocale vite addictive, Fhin nous impressionne de suite de sa légèreté. Jouant sur les sonorités plus que sur les mots, il dessine avec aisance une musique au beat gourmand et à l’atmosphère de sérénité rare. Petit bijou de simplicité, ce premier titre attire l’oreille par ces mélanges audacieux et harmoniques qui peignent un univers mélancolique à souhait où le clavier magistral s’impose en stabilité saine et dynamique. Travaillant avec précision sa musique Fhin nous propose un « around.away » en forme de toile de maître jouant sur les sonorités et nuances comme d’autres jouent avec les couleurs ou les ombres.
Il y a chez le français une façon rare de faire tremper son électro dans une infusion très chanson française. Reprenant à son compte la stature d’un chanteur de variété, il réussit à ne jamais dépasser la ligne rouge de la variété pure et dure en l’édulcorant avec une approche à l’électronique exigeante « Picture of You ». Collant à une mélancolie douce et profonde, Fhin sur un titre comme « Feel your Face » creuse avec beaucoup d’aplomb une musique qu’il relève au rang d’art. Pensant chacune de ses compositions comme un tableau éclatant, il instaure par petites touches une atmosphère entre légèreté et rudesse dans des compositions à l’écrin doux et vaporeux.
Connu principalement pour sa magnifique reprise du tube de Starmania « Quand on arrive en ville » qu’il place en dernière position de cet EP, le français réussit à rendre tout son éclat à un titre ayant perdu de sa substance du fait de sa diffusion excessive. On se laisse prendre au jeu de cette reprise nous faisant oublier la chanson originale grâce à une science du montage et de la précision qui nous défrise. Fhin rend le glam à ce rock vintage et enveloppe ce titre d’une musique pastel au beat claquant qu’il cultive avec goût.
Difficile de ne pas tomber amoureux de cette musique repoussant à chaque titre les limites d’une electro toujours plus mélangée à d’autres styles. Reprenant à son compte les onomatopées d’un Jean-Michel Jarre sur un « Holy Drops » semblant synthétiser la folktronic de Other Lives et la pop atypique de Alt-J, Fhin dessine une electro qui n’appartient qu’à lui, mélange d’électro vintage et de pop esthétique. Harmoniquement au point, Fhin dessine une musique à la fois puissante et ronde, voluptueuse et sobre. Complexifiant son approche sans jamais l’alourdir, le français construit une cathédrale électro à l’exigence rare et à l’harmonie supérieure.
Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com
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