Avec Takeoff , BIRRD nous revient pour notre plus grand plaisir. Ce nouvel album, posant de suite l’empreinte de l’artiste français, il nous entraine dans une electro profondément analogique et très ronde portée par un sens impressionnant de la mélodie et une quête de l’immersion sonore. Take off est un voyage qui se promet d’être à la fois homogène grâce à son ADN sonore et foisonnant par ses explorations rythmiques et ses collaborations.

Dès l’introduction « First Step », confirmée par des titres comme « Take off » et « Mind Map », l’auditeur est happé par cette puissance mélodieuse et cette capacité à construire des boucles addictives et régénératrices, rappelant la rondeur très French79.

Le cœur de l’album Take off s’illustre par la capacité de BIRRD à intégrer et à enrichir son univers à travers des collaborations judicieuses. Avec « Khamsin », en lien avec Théo Le Vigoureux alias Fakear, le français s’aventure dans une électro plus drue et singulière. Le titre s’écarte d’une mélodie omniprésente pour proposer des rythmes percutants et des motifs vocaux, dessinant un morceau plus osseux et au punch montant progressivement en puissance. Ce virage se poursuit avec la nouvelle collaboration, « Awake », avec Museau, où BIRRD réussit à récupérer ce côté plus agressif et osseux tout en conservant sa puissance électro. Il prouve ainsi sa capacité à relier les univers sans jamais se perdre, transformant chaque essai collaboratif avec une simplicité remarquable et une efficacité redoutable.

La richesse de Take off réside également dans cette ouverture constante aux sonorités extérieures, sans jamais renier son identité. « Cloud Surf », aidé par Juxe, déconstruit l’approche ronde de BIRRD pour l’intégrer à la sobriété tranchante de l’univers de son invité. Là où l’artiste est véritablement impressionnant, c’est dans cette faculté à accueillir l’univers d’autres artistes tout en l’enveloppant de ses bonnes ondes, faisant de cette collaboration une richesse foisonnante. Le morceau s’envole vers les cimes plus tranchantes d’une électro abrasive aux rythmes jungle. Cet éclectisme culmine avec « Alpenglow », l’une des collaborations les plus réussies de l’album, avec Lysten. Le mélange entre l’électro analogique de BIRRD et la sobriété de Lysten est addictif, explosant dans nos oreilles comme un feu d’artifice coloré et superbement mis en musique.

Au-delà des collaborations, BIRRD revient aux fondamentaux de sa construction électro narrative avec « Free Flow » et « Black Box ». « Free Flow » est un retour à son voyage analogique excessivement bien construit, où il impressionne par sa capacité musicale et narrative, travaillant pleinement ses montées en puissance dans des titres auto-portants aux rondeurs addictives. « Black Box », quant à lui, est beaucoup plus rythmique et donne à voir un BIRRD capable de proposer une musicalité moins forte mais une électro plus râpeuse et dynamique. Stéphane Vogel (son vrai nom) impressionne une fois de plus dans sa capacité à produire une électro tumultueuse et homogène, trouvant sa voie dans un univers saturé de sonorités analogiques grâce à un sens travaillé de l’électro.

L’album Takeoff se conclut parfaitement avec « Final Strech ». Démarrant et terminant par des chants d’oiseaux – un clin d’œil au nom de scène BIRRD – ce dernier titre est plus doux, invitant progressivement le réel. Mélodique à souhait, il dessine une électro du quotidien qui fonctionne à merveille et clôt avec efficacité cet album. Take off voit BIRRD se déployer pleinement dans une électro ronde aux influences multiples et diversifiées, rendue homogène par un savant mélange de construction et de sensibilité électro.

Nos coups de coeur : MINDMAP, TAKEOFF, ALPENGLOW

Note : 9.0/10

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com