Vainqueur 2013 de l’émission musicale The Voice sur TF1, Yoann Fréget profite de la reprise de la saison 2014 pour présenter son premier album. Dans une approche crooner et vieillotte d’une variété française censée être classieuse, le jeune talent prometteur formaté TF1 réalise un album à la technique froide et au goût fade et sans saveur.

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Orchestre, cordes à profusions, chœurs digne de Johnny Hallyday, Yoann Fréget montre sa voix et c’est peu dire. Véritable pavillon témoin dès le premier titre « Quelques Heures avec Moi », il étale devant nos yeux ses capacités vocales qui, il faut bien le reconnaître sont impressionnantes. Juste, puissant et enlevé, il propose un divertissement très anglo-saxon dans l’approche.

Jouant à fond la carte du gendre idéal, il n’y a pas à proprement parler d’aspérité dans le jeu du français. Proche d’un Robbie Williams dans cette approche crooner pop, il possède les mêmes mimiques vocales et des arrangements semblables mais la sauce ne prend pas. Trop de paillettes, trop lisse, trop produit, Yoann Fréget ressemble à une marionnette instrumentalisée par TF1 pour proposer une musique pile dans le créneau de l’émission.

Multipliant les grimaces vocales, les Ohhhhhhh, les Youhhhh, les Waouhhhh pleuvent parasitant quelques peu chaque titre, comme si le français sentait que son groove et sa rythmique sonnaient bancal. En effet, Yoann Fréget réalise un album très premier de la classe respectant toutes les règles mais y perdant son univers, sa patte (si toutefois il en avait une) qui se trouve écrasée par une machine musicale semblant le dépasser.

Passé le titre « Un Dieu très ordinaire », on finit par se lasser de cette voix sans faiblesse. Véritablement agaçant sur le très mielleux « L’équilibre » Yoann Fréget semble vouloir à chaque titre nous prouver qu’il est bien The Voice en réalisant systématiquement une prestation digne d’un prime de l’émission.

Au travers d’une technique vocale impressionnante le français nous propose un album à l’image de sa pochette, banal, insipide. Le show télévisuel de TF1 confirme donc sa propension à favoriser l’audience plutôt que le futur des jeunes gagnants. Naïf et certainement de bonne foi Yoann Fréget s’enlise dans un festival de bonnes intentions finissant par nous agacer. Finalement ces quelques heures avec lui, nous semblent longues…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com