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Date d'ajout : 02-06-15

Whiplash, un chef-d’œuvre de rage et de violence sous haute tension

Andrew (Miles Teller vu dans le film Divergente), rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer l’un prestigieux orchestres New Yorkais dirigé par Terence Fletcher (J. K. Simmons), professeur intraitable. Lorsque ce dernier le repère, Andrew se lance dans la quête de l’excellence. Une relation crue et brutale entre l’enseignant et l’élève s’installe entre les deux hommes. Terence poussant Andrew à son maximum et Andrew étant sous le joug d’une forte pression psychologique. Lequel des deux craquera le premier ?

Whiplash, un chef-d'œuvre de rage et de violence sous haute tensionEn musique comme dans toutes disciplines, si on veut faire partie de l’élite, il faut savoir se sacrifier, parfois à en souffrir. De bout en bout, Whiplash est drame psychologique qui mets le spectateur sous haute tension. Scénariste et réalisateur, Damien Chazelle s’inspire de sa propre expérience pour faire un film coup de poing. Chaque scène percute le spectateur comme si il était un punching-ball continuellement matraqué par un boxeur enragé. En poussant la tension presque à l’insupportable, en construisant une relation sado-masochiste à la limite du supportable, le réalisateur parvient à sculpter un chef-d’œuvre cinématographique.

Certains verront dans ce film le sacrifice que l’on doit pouvoir faire si l’on veut être le meilleur de sa génération. Les autres noteront une relation perverse et narcissique entre deux êtres. D’un côté, on trouve ce  professeur de percussion  frustré de ne pas avoir réussi en tant qu’artiste sorte de pervers narcissique rongé par l’amertume qui use et abuse de son statut de supérieur. De l’autre côté, un incontestable musicien virtuose en devenir, lui aussi pétri d’ambitions.

Avec Fletcher, le cinéaste crée un personnage imposant et captivant, un tyran qui use d’invectives humiliantes, de mauvaise foi ou des pires insultes – « Je t’enculerai comme un cochon si tu sabotes mon groupe » pour pousser l’élève dans ses retranchements. Face à ce mastodonte sadique campé par l’excellent – J.K. Simmons,  le jeune Miles Teller incarne ce jeune prodige à la psychologie fragile. Au fil des scènes, on découvre la solitude morale et sentimentale, la souffrance physique, l’arrogance, la froideur, la désillusion du jeune élève.

Damien Chazelle construit des moments de grande tension à chaque solo de batterie ce qui donne chair à la musique, la transformant en un art physique et douloureux.  On découvre que l’un des meilleurs anciens élèves de Fletcher a commis le suicide. L’enseignant est bouleversée, mais ne ressent aucune culpabilité. Fletcher fait de fréquentes références à Charlie Parker, «Bird», le légendaire saxophoniste de jazz qui est mort âgé de seulement 34. Aucune importance. Tout ce qui importe est l’éclat du travail – un éclat, prétend-il, que Parker obtenu qu’après un collègue musicien a jeté une cymbale à sa tête quand il jouait mal, l’humilier et le poussant ainsi à mieux lui-même.   Et bien sûr comme dans tous les contes œdipiens, la seule façon dont  l’élève arrivera à s’affranchir à émerger en tant que musicien ne se fera qu’en détruisant l’image du père. Un film magistral qui ne laisse personne indifférent.

Jean-Christophe Mary


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