/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 22-06-17

Victorine – « Papa – Maman »

Originaire de Bordeaux, coup de cœur de Fishbach, pilier du festival « Les femmes s’en mêlent », Victorine fait partie de ces artistes complets poussant leur créature dans un univers atypique et singulier. Blondinette au serre tête, elle dénote par son approche presque punk dans un monde souvent lisse. Dans un nouvel EP intitulé « Papa Maman » elle se plaît à détourner les codes d’une pop yéyé teintée de rock pour le plus grand plaisir de nos oreilles.

Victorine - « Papa - Maman » : La chroniquePop flashy aux mélodies acidulées, la musique de Victorine apparait tout d’abord complètement en décalage avec l’époque actuelle. Mélangeant avec beaucoup de gourmandise l’atmosphère un brin sous cellophane des années 80 avec l’approche vocale et insouciante des années 70, elle se plaît au jouer l’émancipation pleine et entière d’une petite blonde qui n’a pas froid aux yeux. Piquante et singulière sur un « Daddy » sorte d’ouverture faussement insouciante de cet EP, Victorine prend le contrepied d’une pop rock qui se veux souvent lisse et sans relief.

Construisant 4 titres en forme d’adolescence attardée ayant trait aux relations familiales, Victorine se pose en Dorothée 2.0 où l’insouciance aurait été  remplacée par une approche très pragmatique de la vie. Outrancière dans son esthétisme, elle réussit de très belles compositions rappelant Jacno sur un « Si Maman Si » au 8bits diablement addictif. Victorine puise dans l’iconographie des années 80 pour mieux la détourner. Il y un quotidien brut et frontal dans ces compositions , jouant avec les codes du kitsch, frisant parfois la limite du mauvais goût, mais toujours juste.

Victorine déplace l’approche 70’s de jeunes femmes à l’émancipation toute récente dans une atmosphère actuelle travaillant un décalage très bien senti. On pense à Thierry Hazard, à un Jerk passé à la centrifugeuse, à une France Gall sous LSD. Victorine fait swinguer une pop à la fois légère et pragmatique dans un écrin très raccord avec la société actuelle.

Victorine est rock dans son approche, bousculant tout sur son passage et poussant la variété 80,70 dans les escaliers pour mieux la modeler. Au travers de ce personnage de fille faussement innocente qui ne se laisse pas faire, elle s’amuse et nous aussi. Mais il y a un côté grave derrière cette musique à l’innocence factice. Victorine signe ici la fin d’une époque de celle où l’innocence était un signe de pureté, elle clos une époque révolue pour mieux plonger dans celle où Internet est la norme et les filles bien plus aguerries aux dérives d’une société toujours plus rentre dedans.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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