Véritable icône rock ayant remis au goût du jour une musique garage et punk, Ty Segall nous revient avec un double album intitulé « Manipulator ». À 27 ans, le Californien apparaît être au sommet de son art nous proposant un album fleuve d’une densité rarement égalée.

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Ouvrant l’opus avec un titre éponyme aux relents pop, l’Américain se plait à mélanger guitares en harmonies et batterie martelée au son très Beatles pour un rendu en forme d’hommage aux années rock. Adepte des guitares saturées genre « mur du son », Ty Segall ne fait pourtant pas toujours dans la demi mesure, pour preuve le très explosif « The Crawler » qui ravira plus d’un fan de grunge.

Intelligent dans son approche d’un rock aux multiples facettes, l’artiste compose comme il respire. Jamais à cours d’idée, il imprègne chacun de ses morceaux d’une inventivité rare. Travaillant beaucoup sur les rythmiques toujours plus atypiques les unes que les autres, il nous offre des compositions d’anthologie qui risquent de devenir rapidement des classiques à l’image du jeu de batterie sur « Mister Main ».

Mélodique à souhait, Ty Segall se plait à proposer des mélodies loin des canons actuels. Très Bowie sur « The Singer » en forme d’hommage au glam rock des années 70, il impressionne par son sens aiguë de la composition. Impertinent et culotté, il n’hésite pas à proposer dans chaque titre un véritable univers. Les sonorités virevoltent, les sons se font toujours plus acérés pour atteindre comme sur « It’s Over » une sorte de climax rock soutenu par une base rythmique toujours très active.

Multipliant les titres à moins de 3 minutes, on ressent une urgence dans la musique de l’Américain. Spontané dans sa créativité, il galvanise chaque titre d’une énergie folle qui vite nous emporte dans un torrent rock dont il est difficile de s’extraire. Chantant au dessus de ce tumulte électrique, Ty Segall se place en gardien d’une tradition rock qui n’est pas près de s’éteindre propulsant le garage au rang d’œuvre d’art.

Se renouvelant sans cesse, Ty aborde ses compositions comme des expériences à part entière. Lestant le titre « Feels » d’un solo de batterie absolument dantesque que l’on retrouve plus maintenant que chez les métalleux, inondant de sonorités abrasives ses morceaux, le Californien navigue à contre courant pour notre plus grand plaisir.

Débordant d’inventivité, il développe sur chaque titre une nouvelle rythmique, une nouvelle façon de faire du rock clouant au pilori les apprentis punk et autres rockers du dimanche. Ty Segall s’impose en patron d’un style longtemps cantonné à de la figuration. Dans une approche classique en terme de structure, il construit de petits bijoux grunges et rocks. Composés de 17 titres, ce « Manipulation » s’écoute d’une traite et bien fort! À recommander.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com