Un an et demi après l’album fleuve « Manipulator », Ty Segall nous revient au travers d’un nouvel opus intitulé « Emotional Mugger ». Aussi mauvais en choix de pochette qu’il peut être doué en musique (ce qui peut être rassurant pour un musicien), l’Américain nous sert 11 titres au rock trash et à la pop garage faisant la part belle aux mélodies enivrantes. 

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Ce que l’on peut dire à l’écoute du premier titre intitulé « Sqealer » c’est que l’Américain n’a rien perdu de sa verve et qu’il nous écrase une fois de plus de sa créativité sans borne qui ne semble pas posséder de limites. Mixant avec délice rock garage et électro sale il nous sert une composition puissante et visqueuse dont il a le secret. Complexe sans être lourde, la musique de Ty Segall nous égale de ses frasques musicales et de son approche toujours aussi efficace.

Reprenant à bon compte ce qu’avait initié le temps d’un album les Dandy Warhols, il nous propose une pop rock à la sauce Ty Segall fortement relevée voire très épicée. Appuyant d’un psychédélisme d’un autre âge sa musique sur des titres comme « California Hills » ou « Breakfast Eggs », il dessine avec beaucoup d’application un mur du son harmonique d’où sa voix émerge et nous plonge en plein 60’s.

Au travers d’une instrumentation excessivement saturée, il construit des morceaux superbement travaillés rappelant les très bons titres des Beatles. Dans un mélange sonore très excitant, il réussit à tirer un fil d’ariane fin et mélodique qui ne nous quitte plus. On est comme envahi de ces sonorités rudes et mélodiques que Ty Segall dresse avec une aisance et un sens esthétique rare. Loin de copier une pop de plus en plus standard, il y apporte sa vision sans concession et nous explose les tympans d’une musique rapidement addictive.

Usant avec un véritable sens rythmique de riffs tous plus envoûtants les uns que les autres, Ty Segall se pose en défricheur d’une pop sale et harmonique. Creusant avec beaucoup d’application une certaine vision de la pop rock, il déménage tout sur son passage pour mieux imposer un style des plus flamboyants. Il se place en digne héritier des Beatles, sur une fin d’album beaucoup plus expérimentale (« W.U.O.T.W.S »), par cette faculté à faire bouger les lignes et à être dans une constante dynamique de recherche sonore sans jamais se reposer sur ses lauriers.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com