Formés dans les années 90 mais réellement actifs depuis 1996, Travis fait figure de vieux routier de la pop britannique au travers de ces 7 précédents albums. C’est donc  dans une continuité pop que les Écossais nous reviennent une 8ème fois au travers d’un « Everything At Once » sympathique, engageant mais désespérément lisse.

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Dès le premier titre, on ressent cette lourdeur pop. Représentant avec brio la continuité d’un groupe à la musicalité stagnante ce « What Will Come » ne déroge pas à la règle et semble se nourrir d’une imagination en berne et d’un manque notoire d’inspiration. Délivrant une composition dans un style dont ils ont contribué il y a quelques années à ériger les codes, ils nous abreuvent d’une pop simpliste et surjouée qui vite nous lasse.

On retrouve sur chacun des titres un certain ronronnement dans cette approche unique d’une pop commerciale et massive. Travis fait pleinement le job sans pour autant chercher à innover (« Radio Song »). La posture se respecte mais le manque d’innovation ou de prise de risque coltine les Écossais dans la sphère finalement assez courante des groupes ayant du succès. Loin d’atteindre la renommée qu’une prise de risque bien calculée pourrait leur apporter, ils restent dans leur zone de confort contentant un public déjà acquis à leur cause.

Le véritable problème de nos voisins anglo-saxons est cette incapacité à faire simple. Même sur un « 3 Miles Ends » se voulant acoustique, ils nous inondent d’un arrangement plein d’une réverbération surévaluée utilisant guitares riches en harmonies, batterie et basse conséquente. Au lieu de tomber sous le charme d’un titre qui au vu de la mélodie aurait pu être complètement renversant, on est noyé dans cette richesse musicale qui donne au tout une lourdeur conséquente et nous écrase de ses bons sentiments dégoulinants.

Travaillant leurs différentes parties afin d’apparaître dans de multiples configurations musicales sur « Everything At Once », ils n’arrivent malheureusement pas à nous convaincre. Travis traîne comme un boulet cette spécificité musicale qu’ils se sont forgés au fil des albums, ce côté propre et sans reproche qui vite nous lasse. Pourtant côté musical, tout est en place. Les mélodies coulent avec un sens entendu du phrasé choc ou de l’effet massif pour attirer les badauds.

Bien que peu imaginatif, ce nouvel album fera à coup sur le bonheur de cette immense fan base que le groupe s’est forgée au fil des années. Il faut bien leur reconnaître cette régularité dans cette approche pop lisse véritablement efficace. Francis Healy pose sa voix entraînante dans des compositions superbement produites qui donnent, il faut bien l’avouer, envie de danser. Assumant pleinement cette approche simpliste d’une pop sans considération philosophique le groupe apporte son lot de bonnes ondes à un public approprié sans jamais fendre l’armure et proposer autre chose. Dommage…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com