Ceux que l’on avait beaucoup aimé au travers de leur 2ème EP « Loisy » nous reviennent avec un album intitulé « At Least We Had Fun ». Mélangeant électro feutrée et pop à la variété assumée, les Parisiens de Total Warr dessinent une musique douce et sans à-coup idéale pour nos moments de rêveries. 

Sobriété, c’est ce que l’on retient de ce premier titre qui donne bien le ton de l’album entier. « Feels Like Home » nous ravit de cette clarté qu’ils sèment avec maîtrise dans un titre montant progressivement en puissance. Captant avec aisance une mélodie terriblement pop, les Français nous proposent une musique à l’esthétique léchée nous emportant doucement vers des rivages entre calme et turpitude sans jamais sortir de leur ligne directrice.

Car l’on peut parler de ligne directrice au vu de cet enchaînement de titres d’une extrême cohérence. Intimistes et crépusculaires sur « Water Frozen » ou nappée de synthés vintage sur « xxx Hate xxx », la musique des parisiens dessine les contours d’une électro fine et cristalline mélangeant le langage pop et électronique pour un rendu à la chaleur très présente. Douce et inexorablement puissante, les compositions du duo mettent progressivement en place une diversité de sonorités pour un rendu planant et vite addictif. On y redécouvre une électro pop sensible et clairement intelligente qu’ils réussissent à faire couler avec un sens aiguë de l’instrumentation.

Chez Total Warr, l’électro est au service de compositions trouvant leur source dans une variété de qualité. Sur un background épicé, ils nous immergent dans une musique dont ils ont le secret. Travaillée sans être une seule fois lourde, la musique du combo puise son inspiration dans la pop internationale actuelle en l’adaptant à une électro rigoureuse. Le rendu peut parfois sembler un peu proche de cette musique aux lenteurs faciles et aux mélodies à l’emporte pièce, pourtant ils réussissent à trouver un juste milieu difficile à maîtriser.

Alors oui, ce n’est pas forcément l’album que l’on attendait de Total Warr. Passé la déception, le duo réussit pourtant à nous surprendre, grâce à son implication sans faille, par cette musique à la frontière entre électro et variété. Sans jamais être pédant dans leur approche d’une musique populaire, ils l’égayent d’une électro travaillée à la lenteur artistique pour mieux nous immerger. On en ressort étonné d’avoir écouté ce « At Least We Had Fun » qui porte finalement excessivement bien son nom.

Arnaud Le Tillau
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