Certains groupes réservent de véritables surprises auditives, c’est le cas de The Phantom Band. Connus pour leur diversité musicale et la qualité de leurs instrumentations, le sextet Écossais fait une fois de plus honneur à sa réputation. Dans un mélange de style inventif et très travaillé, The Phantom Band nous propose avec « Strange Friend », une musique pop expérimentale au large spectre.

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Et de l’étrangeté, il en est question dans cet opus. Dès le premier titre « The Wind That Cried The World », on est rapidement étonné de cet électro vintage mêlé à une sorte de folk traditionnel. Le son si caractéristique des Écossais nous fait de suite penser aux expérimentations mélodiques du Krautrock. Très pop dans l’approche, le titre est un mélange savamment dosé entre plusieurs styles.

Loin d’une pop plan plan les écossais se construisent un univers aux contours flous et aux sonorités à part. Mêlant avec un bonheur inégalé une musique à la limite de l’expérimentation (« Clapshot ») et une pop classique mélodique et entraînante, ils nous délivrent des titres recherchés et étonnement abordables.

Car l’une des forces du combo est de réussir à mêler plusieurs styles musicaux dans un tout très cohérent. A l’image du titre « (Invisible) Friends », The Phantom Band déstructure chaque morceau pour mieux se les réapproprier. Ils prennent ainsi un malin plaisir à brouiller les pistes, proposant des titres où les codes évoluent pour un rendu des plus surprenants. Il y a chez The Phantom Band cette volonté de repousser les limites de la pop afin de découvrir de nouveaux chemins musicaux.

Que ce soit sur « SweatBox » ou « No shoes blues », brutale, déstructurée rythmiquement, la musique des Écossais se joue des codes et devient éclectique. Orfèvres dans l’agencement musical, ils prouvent ici leur maîtrise de l’arrangement en nous proposant une alternative aux sonorités pré formatées. Multipliant les mélanges rock lourds et l’électro vintage brute, ils apparaissent comme les dignes représentant d’un Krautrock quelque peu délaissé.

Difficile d’imaginer un groupe possédant un spectre plus large que celui couvert par la musique de The Phantom Band. Allant d’un métal parfois gothique à une pop lisse ou un folk somptueux, les Écossais n’en finissent pas de nous surprendre dans un nouvel album de très bonne qualité. Éclectiques sans pour autant être brouillons, ils apparaissent à part dans un marché musical dominé par le conformisme. Bref un album salvateur.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com