/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 24-10-14

The Allman Brothers Band – « The 1971 Fillmore East Recordings »

Il y a quarante trois ans, disparaissait le guitariste Duane Allman, tué dans un accident de moto. A la fin des 60’s, en compagnie de son frère, le chanteur Gregg Allman mettait en route cette formidable machine southern rock qui allait inspirer des talents tels que Lynyrd Skynyrd, Outlaws, Blackfoot, Marshall Tucker Band, Gov’t Mule et autres Black Crows. Agé de vingt-cinq ans seulement, ce virtuose de la slide guitare laissait alors derrière lui quelques unes des plus belles pages de l’histoire du rock américain. Le label Universal Backcatalog présente ces jours ci un coffret regroupant les multiples captations du groupe « Live At Fillmore East « à New York en 1971, considéré encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs album live de tous les temps.

Réédité en 1992 puis en version Deluxe 2003, cet objet présente de nombreux inédits comme ces 5 captations différentes de « Satesboro Blues » ou « Don’t Keep Me Wonderin’», ces quatre versions brûlantes de Whipping Post. A cette époque, le groupe composé de Gregg Allman (chant, piano, orgue), Duane Allman (lead, slide, et acoustic guitar), Dickey Betts (guitare et chant), Berry Oakley (basse), Butch Trucks (batterie, timbales) et Jay Johnny Jaimoe Johanson (percussions, congas, timbales) baigne dans multiples courants musicaux qui vont du southern rock, au country rock en passant par le blues, le jazz.

A force d’écumer les scènes américaines, le sextet s’est forgé une personnalité à part, si forte, qu’il est devenu impossible de le classer quelque part. Ballades mid tempo, hymnes rock déchirants, la bande de Duane Allman déverse deux heures durant, une musique puissante, rebelle qui laisse ici une part belle à l’improvisation.

Dès le premier titre, avec cette reprise de Will McTell « Statesboro Blues » les choses sérieuses commencent. Voilà une architecture blues, rock et jazz, jouée de manière sophistiquée, avec des guitares qui s’entre croisent, l’orgue Hammond B3 qui survole le tout soutenu par deux batteurs-percussionnistes et un percussionniste. La basse divague, swingue, tandis que la voix de Greg Allman enrobe les mélodies de ses vocaux déchirés. Dès lors, avec cette voix blues qui passe des notes basses aux hurlements déchirés, ces guitares aux riffs épais et agressifs et deux batteurs qui charpentent le tout, la formule est la bonne.

Le combo de Jacksonville dynamite les canons du rock, lui insuffle des harmonies classiques pour devenir violent et mélodique. Le résultat est là dans cette version de plus de dix minutes de « Stormy Monday » de T-Bone Walker aux riffs entêtants, ce « In Memory of Elizabeth Reed » impressionnant qui transcende l’esprit du blues à celui du jazz, ce « Done Somebody Wrong » d’Elmore James , sur lequel on entend des déflagrations électriques, ce « Statesboro Blues » de Will McTell, ce « Whipping Post », totalement bluesy dans l’âme ou ce « You Don’t Love Me » repris fidèlement dans l’esprit de Willie Cobbs.

De bout en bout on est sous le charme de ce duel de guitares entre Duane Allman et Dickey Betts, ces lignes de basse chaleureuses de Berry Oakley. Un demi siècle après, ces titres aux riffs blues marqués résistent bien à l’épreuve du temps et sont même devenus cultes pour les aficionados. Outre la richesse mélodique et l’intensité des chansons, il y a la virtuosité des musiciens comme ces longues joutes musicales entre les guitares, l’orgue et la batterie. Ce témoignage est un beau cadeau souvenir pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir ces musiciens en état de grâce à leur grande époque.

Jean-Christophe Mary


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