Arrivés sur la scène internationale avec le magnifique « Lonerism » en 2012, les Australiens semblaient bien partis pour nous offrir un nouvel album au rock psychédélique. C’était sans compter sur le génie de son leader Kevin Parker qui, enfermé dans son studio de Fremantle, nous propose un album à l’électro pop dynamique sans perdre un seul instant l’identité propre de Tame Impala. Impressionnant !

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C’est au travers du dynamique et mélodique « Let It Happen », digression électro pop à la basse envoûtante, que les Australiens ouvrent de la plus belle manière qui soit ce nouvel album. Multipliant les couches synthétiques sur un background à la boucle hypnotique, Tame Impala s’aventure dans les contrées arides d’une électro ronde et colorée avec une aisance déconcertante.

Peuplé d’idées géniales, mêlant pop légère et électro dure, le titre s’envole et nous impressionne de ces mélanges. Car loin de se cantonner à une pop brillante, les Australiens font de ce morceau d’introduction un porte voix de l’intégralité de l’album. Puissamment bien construit, le titre réussit ce que seul un groupe comme Daft Punk était alors parvenu à faire, à savoir une synthèse entre pop et électro sans couture apparente.

S’inspirant beaucoup de l’univers de MGMT au travers de titres très électro surf comme « The Moment », Tame Impala déroule une électro dynamique et colorée dont il est difficile de s’extraire. Maîtrisant à merveille une mélodie à tomber ils semblent enclin à creuser encore plus profond une électro pop qui à les écouter n’en est qu’à ses balbutiements. Naviguant clairement au dessus du lot, les Tame Impala construisent avec beaucoup d’intelligences des bijoux à la pop travaillée qui dans leurs mains deviennent légers et incontournables à l’image de « Yes I’m Changing ».

Puisant leur inspiration dans cette électro ronde et planante portée par AIR, ils se montrent à l’aise dans une pop rigoureuse, parfois presque mathématique et extravagante, qu’ils disséminent dans des morceaux au groove diablement efficace.
Lisses et tranchants au travers d’une musique parfois un poil vintage, sur « The less I Know Better » rappelant beaucoup Metronomy ou rond et tubulaire sur un « Past Life » rappelant AIR période « People in the City », Tame Impala bâtit des morceaux addictifs aux riffs vite entêtants.

Chef d’œuvre de tact et d’élégance, ce « Currents » utilise avec un sens inné du groove une ligne mélodique cristalline dans un écrin à l’électro pop somptueuse. On se laisse immerger par cette matière sonore en perpétuelle construction qui sous nos yeux ébahis prend toutes les formes avec une facilité déconcertante. Tame Impala découpe, cisaille et déchire une pop classique pour en reconstituer l’essence même, agrémentée d’effets aux rondeurs synthétiques et diablement efficaces. On tombe sous le charme de cette musique loin des sentiers battus qui apparaît vite comme la bande son rêvée de cet été écrasé de chaleur.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com