Lauréate de la Star Ac québécoise, Stéphanie Lapointe s’est entourée pour ce nouvel album d’une partie de la crème des artistes québécois. Loin d’un style extraverti et coloré, elle nous délivre un opus faisant la part belle à la sobriété et à l’épure. Au travers de 11 chansons, elle dissémine une douce mélancolie à l’esthétique indémodable.

C’est au travers de la plume vive de Philémon Cimon qu’elle ouvre cet album. Voix fragile, piano doux, mélodie cristalline, la jeune québécoise nous enivre de ce parfum d’enfance qui agrémente chacune de ses compositions. À l’image de cette pochette sobre et à l’esthétique lumineuse, Stéphanie Lapointe construit un univers complet avec précaution et finesse.

C’est la célèbre citation de Romain Gary « J’ai souvent remarqué qu’il y a quelque chose avec la réalité qui n’est pas encore au point » qui fait office d’introduction sur le livret joint. Cette phrase résume peu ou prou l’approche poétique et addictive qu’elle réussit, avec gourmandise, à instiller à chaque morceau.

Abordant toutes les facettes de l’amour, elle nous propose une signature musicale qui prend sa source dans les yéyés chics français que sont Jane Birkin ou Françoise Hardy. Nous faisant redécouvrir une pop pure à la naïveté presque enfantine, Stéphanie Lapointe trace vigoureusement son chemin dans des compositions aux couleurs pastels.

Que cela soit sur « La Fuite » ou « Les amours parallèles », elle synthétise avec un talent fou cette folk post 70’s très liée au mouvement hippies. Nous proposant une véritable dentelle folk sur « Not a moment Too Soon », la musique de la québécoise possède cette profondeur et cette fragilité rare de nos jour. Tel un souffle, sa voix manque de peu de s’éteindre et l’on est pendu à ses lèvre, à ce tout qu’elle rend cristallin. Magie enfantine rare, mélodies sur le fil, le titre « De mon enfance » chanté en duo avec Philémon Cimon, point d’orgue de cet album, nous plonge avec mélancolie dans un univers touchant et pur.

Produit par le duo Forêt, aidée notamment de Philémon Cimon et Philippe B, « Les amours parallèles » a tout pour être un grand album. La jeune ambassadrice de l’UNICEF (2007) en fait une référence de la chanson francophone. Développées dans un écrin feutré et élégant, ces 11 compositions fragiles et magnifiques sont portées aux nues par la voix fluette mais déterminée d’une Stéphanie Lapointe caressante. Sur le fil, la jeune québécoise se balade dans une instrumentation parcellaire et lumineuse. En plus d’être une belle personne, elle devient avec cet album une artiste accomplie.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com