Groupe emblématique des années 2000, Starsailor n’avait plus donné signe de vie depuis 2009 et leur dernier album. C’est à la faveur d’un Best of qu’en 2014 les Anglais ont repris la route des festivals pour finalement entrer en studio l’année dernière pour un nouvel album intitulé « All This Life ». Cet album en forme de retour triomphant est pourtant loin de nous charmer. Pleine d’une grandiloquence qui n’a plus lieu d’être, Starsailor se perd dans une musique datée qu’ils tentent désespérément de refaire vivre.

Dès le premier titre « Listen to your Heart », les Anglais sortent sans préambule l’artillerie lourde pour pilonner à coup de guitares saturées aux harmonies riche une pop à l’universalité fade. Multipliant les couches instrumentales, les Anglais ne font pas dans la dentelle et nous couvrent d’une multitude de sonorités pour mieux pousser leur empreinte musical sur un titre au grandiose de circonstance. Véritable musique de stade, ce premier titre pose le décor d’un groupe en décalage avec son temps.

Traçant leur voie dans une musique aux angles émoussés, Starsailor mélange rock à papa et pop universelle pour un rendu parfois un peu aseptisé. Cette musique sans grande ambition fonctionne plutôt bien mais manque cruellement d’audace et nous ressert sans grandes émotions, une orchestration riche mais industrielle dans sa création. Ne réussissant pas à prendre le virage d’une sobriété de mise à notre époque, les anglais continuent à faire le rock qui les a fait connaître sans se poser beaucoup plus de question.

Cela étant dit, les anglais font le job et plutôt bien. En effet d’un point de vue technique, il n’y a pas grand chose à redire. L’orchestration tient la route, les parties respectent à la lettre les règles d’une pop commerciale. Passée cette impression purement technique, les anglais ne réussissent pas à s’affranchir de leur style un peu ampoulé et pris dans le carcan d’une pop toujours plus démonstrative.

Que cela soit sur « Take a Little Time » ou « Caught In the Middle », Starsailor ne peut pas s’empêcher d’arrondir tout les angles d’une musique aux rondeurs éprouvantes et politiquement correcte. Proche de la musique au mètre, les américains semblent avoir tellement produit leur musique que chaque titre rappelle le précédent et se perd dans une masse globale vite indigeste à l’image du très mauvais « Sunday Best ».

Variété rock sans lendemain, ce nouvel album de Starsailor » semble à chaque fois fournir aux fans inconditionnels les raisons d’une écoute prolongée. Les Anglais font le job mais restent accrochés à leur sacro saint style au découpage connus de tous et aux parties sans grands intérêts. Sans réussir à poser un riff entêtant, ils nous proposent une musique à la grandiloquence vaine et creuse que l’on assimile vite à une musique au mètre sans grand intérêt.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com