Artiste atypique découvert grâce au télécrochet « La Nouvelle Star », Soan mène depuis sa vie tambour battant rythmée par les albums et les concerts. Délaissant un Paris aux tentations multiples, Soan se ressource aux alentours de Narbonne et en profite pour nous concocter son 4ème album. Véritable renaissance, ce « Retourné vivre » pousse Soan à se dévoiler dans une liberté qu’on ne lui connaissait plus.

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Puissant sur un premier titre granuleux « Quand je serai », Soan pose de suite le décor. Dans un rockabilly gras, le français nous propose une composition extrêmement mélodique qu’il se plait à diffuser par petites touches de sa voix éraillée. Sans préliminaire, il nous assaille avec obstination d’une musique brute et cash. Véritable sas de décompression, ce premier titre semble expurger les frustrations anciennes dans un tout cohérent et dense.

Dessinant une musique aux harmonies folles et impressionnantes de maîtrise sur un background lourd, le Français semble pour une fois se faire plaisir. S’ébrouant  pleinement sur une « Anaïs » fleuve dont on tombe immédiatement sous le charme, Soan affiche pleinement une grandiloquence à la lourdeur assumée mais à la luminosité folle. De même sur « La Chute » : le gros son et les guitares grasses aux riffs granuleux apportent une véritable fraîcheur rappelant un peu ses compères des Têtes Raides. Sans innover, il parvient à nous tenir en haleine grâce à cette voix unique et cette approche mélodieuse qui fait tout le sel de son style.

Il y a moins d’urgence dans cet album, Soan ne semble plus survivre mais vivre pleinement sa musique et réussit de ce fait à nous servir des titres à l’abord plus léger et aux instrumentations variées. On est ainsi presque étonné par cette douceur affiché sur « Petit Cadeau », cette approche très chanson française presque reggae sur « Coco » qui relate ses retrouvailles avec la dessinatrice de Charlie Hebdo. Mais c’est sur le magnifique piano voix « Pustule » que le français nous met les frissons. Se dévoilant peu ou prou, il laisse dans ce titre un peu de lui. De sa voix éraillée, il dessine une composition fine et grave dont il a le secret. On est comme aspiré par le charisme que le garçon dégage dans un mélange de chanson française et de crooner.

Multipliant les expériences instrumentales (rockabilly sur « Collocation », raggamuffin sur « Adonaïe », grunge sur « Fakir » ou folk assumée « A la fin », Soan profite pleinement de la liberté qui lui est offert pour s’approprier différents styles avec un panache fou. Pour une fois apaisé, il nous sert un album dans lequel il semble progressivement se dévoiler s’affirmant comme un artiste normal sans se cantonner au hors norme. Moins convaincant que son précédent opus, « Retourné vivre » à le mérite de nous donner à voir un homme libre et construisant de nouveau un univers au mélodisme imparable et au rock parfois acéré.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com