La période de Noël est toujours propice aux rééditions souvent pompeuses et apportant peu de nouveautés. Assez rare pour être notifié, Shearwater sort en cette fin d’année un album de reprises enregistrées il y a maintenant quelques mois comprenant des titres d’artistes avec lesquels les américains ont tracé la route. Rock, folk ou pop, les Shearwater s’approprient ces 10 morceaux avec un sens de l’adaptation impressionnant.

Acheter l’album sur Amazon
Télécharger l’album sur iTunes

Débutant sur le « I luv the Valley OH! », titre complètement barré de XiuXiu, les américain en font un standard pop rock très intéressant. Le style est lourd, la voix grave et assurée nous emporte dans un univers noir et gluant à l’esthétique à la fois dépouillée et grandiloquente mais beaucoup moins malsaine que l’originale. Sans être dans un stéréotype classique d’une pop urbaine, ils impriment leur patte.

Parfois compliqué à l’image de la reprise de « Hurts Like Heaven » des désormais planétaires Coldplay où, bien que beaucoup plus noir et guindé, l’arrangement concoté par les américains ne réussit pas rendre cet hymne de supermarché, rock, Shearwater s’en tire avec les honneurs sur « Natural One » tiré de la BO de Kids et dont le rock très proche d’un univers à la Eels fonctionne parfaitement. Emportés par la force du riff, ils réussissent à adapter leur gros son à des compositions plus pointues et moins généralistes.

C’est particulièrement vrai sur « Ambiguity » pour lequel ils réussissent à faire émerger l’esthétique rayonnante du titre original de David Thomas Broughton dans un tout remodelé par leur soin au grain noir et lourd. Shearwater prouve une fois de plus son agilité musicale et sa facilité à s’adapter à des univers disparates sans pour autant mettre de côté leur vision de chaque morceau.

Le voyage sonore se poursuit mettant en avant des titres parfois méconnus tels ce « Cheerleader » de St Vincent ou cette reprise compacte du titre « Mary is Mary » de Wye Oak qu’ils réussissent à transposer dans leur style en y apportant une touche d’esthétique la plupart du temps salvatrice.

Divertissant, sans être prise de tête, les américains de Shearwater nous proposent un album de reprise sans volonté de montrer leurs muscles ou de faire du chiffre. Simplement remercier les groupes avec qui ils ont partagé l’affiche. On ressort de ce « Fellow Travelers » conscient du talent de ces américains et prompt à les supporter pour leur prochaine sortie prévue l’année prochaine.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com