Composé des frères Matthieu et Antoine Gouny, Santoré nous revient avec un 3ème EP intitulé « Silverado ». Les Niçois y développent une nouvelle fois les thèmes de l’enfance et de la mélancolie au travers de titres doux aux constructions éthérées. Conceptuel et simple aux premiers abords,ce nouvel EP confirme les deux frères dans leurs statuts de valeurs montantes de l’electro française.

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« Circles », premier titre de cet EP, résume parfaitement la direction prise par le duo en terme musical. Véritable bouillon de culture électro, il développe avec beaucoup de précisions une musique cosmopolite. Guitares africanisantes, sonorités de claviers vintage mais très asianisante et voix au vocodeur, se mêlent en une composition 3 continents pour un rendu des plus addictifs. Sans jamais laisser une culture prendre le pas sur l’autre, ils mixent avec beaucoup de délicatesse différentes sonorités et réussissent à nous proposer un morceau stable et superbement agencé.

Creusant un univers folktronic sur le vaporeux « Teyssandier », ils s’approchent d’un Sébastien Schuller dans cette façon d’aborder leurs morceaux. Douce et lunaire, l’electro de Santoré touche à ces petits riens qui font les grands souvenirs. Les Français s’incrustent dans notre nostalgie pour la saupoudrer d’une dose de musicalité et, tels des enfants, ils y intègrent cette nativité et cette beauté intrinsèque qui nous laisse sans voix. On se laisse bercer par ces mélodies au fort parfum d’enfance qui rieurs nous transpercent et nous mettent à nu.

Désarmants de candeur sur un « Morning Cartoons », Matthieu et Antoine Gouny nous proposent une plongée dans un univers où les enfant ne le sont plus tout à fait mais le restent au fond d’eux. Utilisant des sonorité brutes liées au monde adulte, ils y incorporent cette dose d’enfance au travers de constructions simples et de ritournelles désarmantes. Progressivement les sonorités se font plus complexes et c’est naturellement que le dernier titre de cet EP apparaît.

Beaucoup plus sombre, « (Here We are) There We go » marque une sorte de frontière musicale, une espère d’évolution naturelle de la part du duo. Les sonorités se font plus rudes, la musique se fait plus tranchante et le tempo plus tendu. Doucement, le duo fait glisser ses compositions vers un avenir plus pesant et obscur comme si l’enfance se terminait, se fracassait sur la dure réalité de ce dernier morceau.

Au travers de 4 titres superbement produits, Santoré se plait à dérouler un univers entre enfance et monde adulte. L’EP semble personnifier la quête d’identité d’un enfant passant d’une vision naïve à la dure réalité des choses sans perdre pour autant cette lumière intérieure. Production au millimètre et créativité sans borne viennent compléter ce tableau qui a chaque écoute prend de l’épaisseur.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com