/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 16-10-14

Salomé Leclerc – « 27 fois l’aurore »

Diplômée de l’école de la chanson de Granby à l’instar d’Alex Nevsky, Salomé Leclerc a débuté sa carrière avec un opus très remarqué intitulé « Sous les arbres ». Après une tournée de près de 3 ans, elle nous revient avec « 27 fois l’aurore » à la pop exigeante et à la grâce certaine confirmant son statut d’agitatrice de la scène pop francophone.

Sobre et nue en terme d’arrangement « Arlon » ouvre les portes d’un album dense. Voix gracile, guitare électrique en forme d’écorchure, Salomé Leclerc nous propose un titre sous tension sorte de quintessence d’une variété passée par le prisme d’une pop travaillée. Loin des sonorités du genre qui a plus tendance à privilégier les univers lisses et dégoulinants, Salomé Leclerc nous propose une pop lumineuse et ciselée autant en terme d’orchestration que de rendu.

Extrêmement inventive sur « En Dedans », elle construit un univers sombre et feutré dans lequel se débattent des mélodies envoûtantes. Ouvrant le champ des possibles, elle se pose en rénovatrice d’un style si décrié. Composant des morceaux à l’identité forte, elle y incorpore son grain de voix brut. Rigoureuse dans ses constructions, on retrouve dans la musique de la jeune québécoise ce mélange de variété populaire au noble sens du terme. En effet, sans grandiloquence ou de lyrisme exacerbé Salomé Leclerc trace sa route utilisant parfois (« L’icône du naufrage ») une électro à bon escient.

À l’image d’un Benjamin Biolay, elle distend l’étroit couloir de la variété pour y intégrer sa vision de la musique. Utilisant des sonorités propres à la pop, au rock ou à l’electro elle construit peu à peu un univers unique. Jouant sur les ambiances, elle déforme la matière musicale notamment sur la balade « Un bout de fil ». Soutenue par un piano parcellaire et un son de vent qu’elle modifie à sa guise, Salomé imprègne ce titre d’une tristesse infinie relevée par une mélodie éclatante.

Parfois à la frontière de l’expérimentation, la jeune québécoise nous revient plus mature que jamais sur ce « 27 fois l’aurore » qui risque bien de faire date. Sobriété et magnétisme sont les maîtres mots d’un album convoquant aussi bien Radiohead que Saez en passant par Émilie Simon et Benjamin Biolay. Sincère, elle se construit un univers sombre à l’éclat brillant qui nous imprègne de ses mélodies entre mélancolie et violence intérieure. Salomé Leclerc fait partie de ces artistes complets capables d’investir plusieurs styles sans se départir de leur talent. Chapeau!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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