/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 04-10-16

Romain Humeau – « Mousquetaire #1 »

Leader du groupe de rock Eiffel, c’est en solo que Romain Humeau nous revient pour un album intitulé « Mousquetaire #1 ». Premier volet d’un double album, cet opus installe le Français comme un incontournable du rock français. Celui qui a réussi avec son groupe à s’extraire de l’écrasante influence de Noir Désir, nous sert 13 titres au rock grave et lumineux.

Voix trafiquée, mélodie au swing enchanteur, Romain Humeau nous apporte un soleil radieux dans une première composition rappelant beaucoup un Alister au rock acéré. On est vite emporté par cette force rock qu’il parvient à rendre sourde dans un titre au glaçage noir et blanc qui semble filer entre nos doigts. Utilisant le piano avec insistance, il dessine un univers au grave granuleux qui fonctionne à merveille. On retrouve dans ce « Struggle inside » une variété profonde au rock très présent qui nous tient en haleine avec un sens aiguë de la mélodie. S’amusant de fill de batterie incessant, il nous emporte dans une structure très 70’s qui fonctionne à merveille.

Chez Romain Humeau, la pop ne peut que se faire clinquante et puissante sans être standardisée. Pour preuve « Amour », titre râpeux s’il en est, au dynamisme fou. On mélange Les Innocents et ses mélodies entremêlées avec une pop au rock teinté d’un Noir Désir ou d’un Eiffel. En effet, bien que très présent dans la façon de chanter, Romain a la gageure de s’affranchir de son groupe pour nous servir une vision personnelle au caractère trempé d’un rock qu’il manie avec finesse.

Le Français possède cette force unique aussi bien dans la voix que dans l’approche instrumentale. Il pousse des compositions aux lignes mélodiques brutes et cassantes qui font écho à son approche écorchée. Pourtant plus l’album avance et plus les titres semblent dériver vers une standardisation un peu ronronnante. Ainsi sur « Saragosse » ou le presque stéréotypé « Tensional », Romain Humeau nous délivre un rock sympathique mais loin d’être exceptionnel voire même parfois un peu bourrin « Collatéral ».

L’on constate avec étonnement cette faculté qu’à Romain de nous délivrer sur un même album, des titres à la finesse de rigueur (« Marjane » envoûtant) et une fin d’album cumulant les lourdeurs. Ainsi que cela soit sur « No one Wins », « Velours de gosse » ou « Ce soir les gens », il se contente de livrer une musique aux accords donnant le tournis, à la mélodie, certes travaillée, mais écrasée par cette musique sans finesse et cette approche un peu surjouée.

Travaillée, la musique de Romain Humeau trace sa route dans les pas des grands chanteurs populaires avec une approche toujours rigoureuse d’une pop rock léchée. Côté face, multipliant les parties sans jamais tomber dans une création multipolaire il nous inonde d’une pop exigeante aux reflets brillants. On y retrouve l’exigence classique d’un Sheller et la luminosité d’une pop Beatles. Côté pile, le Français se perd dans un rock sourd et collant où il est obligé de surjouer pour espérer exister. Clairement sur la bonne voie, ce deuxième album solo mériterait d’être plus homogène.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production