« To Win The World » est le 3ème album des vrais-faux belges de Puggy. Un album fidèle aux précédents, rempli de mélodies accrocheuses, mais avec une évolution évidente en terme de production. Tout est fignolé dans le moindre détail, quitte parfois à en faire un peu trop.

Le premier titre « To Win The World » est assez représentatif de l’état d’esprit du groupe. On a tout de suite envie de taper du pied, c’est léger, entraînant et rapidement mémorisable. Finalement rien de très nouveau par rapport aux titres plus anciens du groupe me direz vous. Sauf que l’anglais Eliot James (producteur pour Kaiser Chiefs et Two Door Cinema Club entre autre) s’est glissé derrière la console, et ça fait toute la différence.

Chaque instrument est pensé et arrangé avec une minutie évidente et bon nombre de bonnes petites idées parsèment l’album. Une note slappée par-ci par-là, du vocoder sur « Love that feeling »… Des petits détails qui enjolivent à merveille les belles mélodies du groupe. Une mention spéciale pour le travail sur les harmonies vocales exceptionnelles comme sur « Move on » où les choeurs forment une nappe du plus bel effet, ou encore « Last day on earth » avec des tierces qui s’entrecroisent superbement. On ne peut s’empêcher de penser à Queen, référence évidente pour Puggy : « Give us what we want » est mélodiquement très proche de certains titres des anglais, et les partis-pris musicaux ne font que renforcer cette impression : basse sautillante, petit delay sur la voix lead et choeurs ciselés… L’ombre de Freddie plane…

De beaux arrangements, certes, mais surtout de bonnes mélodies pop et positives : « To Win The World », « Give us what we want », « Goes like this », « Move on »… Autant de titres sympas et instantanément efficaces. Et étonnamment, c’est peut-être le principal défaut de cet album. On se perd un peu dans ces mélodies un peu trop sucrées, ces arrangements très travaillés qui ont parfois tendance à aseptiser des titres à l’impact indéniable.

« Goes like this » est par exemple un titre rythmé et entrainant mais trop gentil pour nous emballer totalement, lacune sans doute comblé lors des fameuses prestations live du groupe. Les notes glissent bien, voire trop bien. La ballade de fin « I’m happy », aux airs de Beatles semble être le seul titre à pleinement assumé cette douce naïveté qui se dégage des compositions du groupe.

Bien que sûrement plus percutant que les précédents, ce nouvel album manque encore un peu de rugosité et de consistance. Dans ces meilleurs moment, la voix de Matthew Irons nous rappelle un Matthew Bellamy encore un peu jeune, mais qui ne demande qu’à envoyer du lourd…

Certains titres parviennent pourtant à sortir de ce lot d’ondes positives, comme « Stop me », morceau un peu plus sombre et à la progression très intéressante, mais dans l’ensemble, c’est surtout une ambiance de pop légère et abordable façon pub Apple que nous déploie Puggy : très agréable, mais qui mériterait de gagner en densité rock à l’image des groupes comme Mrs Good ou même les parisiens de Revolver.

Avec « To Win The World », Puggy continue de nous livrer une succession de bons singles pop rayonnants et péchus. Cet album trouvera surement sa juste valeur en concert où le groupe pourra compenser l’aspect parfois un peu gentil et propre d’une production de studio pourtant intéressante et très travaillée. A (re)découvrir en live!

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com