/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-08-14

Philippe Brach – « La foire et l’ordre »

Sorti quelques jours avant la finale des Francouvertes 2014, « La foire et l’ordre » est le premier album du finaliste et gagnant de cette édition. Le jeune québécois originaire de Saguenay y imprime une pop dense et fantasque aux arrangements travaillés. A l’image de ce titre en contraste, Philippe Brach joue sur les extrêmes pour nous proposer un opus complet et atypique jusque dans le packaging avec un livret à lire dans un miroir.

Démarrant sur le morceau introductif « Les années suicidaires », Philippe Brach se positionne directement en agitateur d’une pop parfois un peu plan-plan. Revigorant de son inventivité un style un peu lisse, il nous propose sur ce premier titre un mélange entre nostalgie et violence ouvrant la voie à un album faisant la part belle à sa personnalité hors du commun. On retrouve dans cette musique et notamment sur le très rock « Dans ma tête » cette liberté et cette folie rare de nos jours. L’on pense de suite au rock français des années 70, à une époque où les règles étaient faites pour être transgressées et le marketing peu puissant.

Très réussie sur ce titre, l’instrumentation proposer par le québécois impressionne par son réalisme. Fantasque et débordant de vie Philippe Brach s’inscrit dans la droite ligne d’un artiste comme Jacques Higelin dans sa période rock. Voix granuleuse et revendicatrice, le jeune québécois envoie du bois sur « Race-Pape ». Construisant des morceaux impactant entre richesse des arrangements et sobriété de certaines instrumentations, il met en place un contraste qui fonctionne parfaitement.

Malgré une forte personnalité, l’école québécoise du folk n’est pas loin et c’est en connaisseur qu’il aborde des titres comme « Le Matin des raisons » ou « T’aurais pas pu nous prendre à deux » en proposant une folk pour le coup classique mais diablement efficace. Adoucissant sa voix pour l’occasion, il illumine de son grain des compositions très influencées par la country américaine. Progressivement lourd et engagé, le garçon ne met pas de côté le rock pour autant et nous rappelle les digression d’une autre jeune artiste québécoise : Lisa LeBlanc.

Il y a une force impressionnante derrière chaque titre une sorte d’engagement sans faille. Philippe Brach donne tout et cela s’entend. Véritablement généreux dans sa musique il mélange différents styles, passant du folk à la pop puis au rock gras, faisant preuve d’un talent certain. Entre violence et douceur, entre mélodies porteuses et titres plus intimistes, il personnifie la contradiction objet de cet album. Chaloupé et sincère la musique du québécois ne fait pas dans la demi mesure et tant mieux!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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