Il y a près de 2 ans, un jeune homme du nom de Petite Noir nous proposait un titre sortit de nulle part mélange très réussi entre vision européenne et africaine d’une pop qui ne cesse de se réinventer. Yannick Ilunguna de son vrai nom, nous propose enfin son premier EP. Inventif et hypnotique, la garçon né à Bruxelles navigue avec une aisance impressionnante entre soul rock et pop travaillée. Un véritable bijou!

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Brut et soul sur un « Come Inside » ouvrant avec brio cet EP, Petite Noir pose de suite le décor de son univers musical. Il y a dans cette musique un groove africanisant servit par la voix grave et hypnotique du sud africain. Véritable mélange des genres comparable à un croisement entre Gorillaz et Bombino, Petite Noir fait ressortir sur ce premier titre ses principales influences qu’il regroupe dans un tout cohérent et personnalisé.

Sans jamais surcharger ses compositions, il réussit à extraire du mélange encours dans les tonwships sud-africains, cette magie rythmique et mélodique à nulle autre pareille. Travaillant avec beaucoup de rigueur un background rythmique et grave, Petite Noir pose les bases d’une soul rock des plus addictives. À l’image de « Chess », il ne s’enferme pas dans un seul registre et nous prouve avec ce titre sa capacité à se fondre dans différents univers sans renier sa personnalité propre. Il y a un côté caméléon chez le sud-africain confinant au génie.

Jouant de sa voix tantôt grave, tantôt aiguë, il creuse le sillon d’une musique raffinée résultat d’un travail acharné du son. En effet, chaque centimètre carré de cette bande son semble avoir été pensé avec un sens aigu de la construction mélodique. Nous emportant progressivement dans une pop rock lumineuse, Petite Noir impressionne de cette facilité feinte avec laquelle il déroule son groove inimitable. Utilisant pleinement les outils électroniques, il pousse ses titres dans un retranchement électro soul qu’il maîtrise à la perfection. Clinquant sur « Shadows », il parvient une fois de plus à nous emporter dans une musique simple d’abord sans jamais tomber dans une vision stéréotypée d’une soul commerciale.

S’enfonçant dans une électro de plus en plus présente, il nous propose un véritable tour d’horizon de son talent. Synthétisant en quelques titres une musique des plus hybrides, Petite Noir semble se nourrir d’un partie entière de la pop et de la soul européenne et réussit à nous proposer une vision à part. À l’image de « Till We Ghosts » qui avait fait tant parler de lui à l’époque, Petite Noir construit au fur et à mesure une musique à la fois dansante et introspective, nous emportant dans des univers où la foi et le rythme font un et un seul.

Travailleur acharné, Petite Noir parvient dans sa musique à dissocier rigueur et groove, simplicité d’écoute et complexité de composition. La vraie réussite de « The King of Anxiety » est cette propension à proposer différents univers sans jamais copier une attitude. Puisant son inspiration dans les tonwships sud-africains, Petite Noir nous sert un EP lumineux véritable passerelle entre pop africanisant et soul européenne. Un must!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com