/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 17-03-16

O – « Un torrent, la boue »

C’est Olivier Marguerit à la ville qui se cache derrière le projet O. Véritable homme de l’ombre de nombreux groupes de pop n’hésitant plus depuis la French Touch à tâter de la pop anglo saxonne, il nous propose un premier album en forme de concept très abouti. Malléant  une pop harmonique avec brio, il construit un « Un torrent, la boue » puissant et enveloppant.

Ce que l’on retient surtout, ce sont ces yeux, ronds et hypnotiques qui semblent nous viser sur la pochette de l’album. Au travers d’un démarrage assez coulant sur un « L’odeur du coton » très orchestral saupoudré de sa voix douce, le Français semble s’inscrire dans une tradition pop assez singulière. Prenant progressivement de la profondeur, le titre s’impose définitivement à nous dans un mélange électro pop assez jubilatoire.

On découvre assez rapidement que la force du français réside dans cette volonté de mélanger chanson française et électro ambitieuse et pointue. Ainsi sur « La Rivière », loin de la grandiloquence d’une french Touch, il nous impressionne de sa finesse et de cette façon d’apporter une musique des plus distinctes. On est vite pris au piège de ces mélodies changeantes et enveloppantes qu’il tranche de ces sonorités rudes et rythmiques.

Plus l’album avance et plus les titres s’enfoncent dans une électro de plus en plus franche. Chantant pour la première fois en anglais sur un « Répéter/ Disparaître » superbement construit, Olivier se lance tête baissée dans des compositions aux rythmes travaillés et aux sonorités synthétiques. Excessivement mélodique, il nous emballe par ses mélodies sans égales qui se plaisent à rester longtemps en tête. On retrouve sur un titre comme « My Heart Belong to You » ce mélange de rigueur et de complexité qui sied si bien à cette approche des plus fastes. La musique du français multiplie les rythmiques travaillées pour un rendu des plus élogieux et l’on se prend à aimer cette musique parfois un peu difficile d’accès qui fait tout son charme.

Rappelant General Elektriks pour la rythmique et Sébastien Tellier sur le très bon « La Rivière » ou l’orgasmique « Kiss », le Français sait aussi user de sobriété sur « Plonge dans l’eau ». Pourtant là encore, il ne peut se départir de cette classe hors norme, de cette façon d’être au dessus du lot. On est comme envoûté par cette approche à l’heure où nombre d’artiste font le choix de la médiocrité pour paraître populaire. Olivier Marguerit a de son côté fait le choix de l’élégance pour une approche certes peut être pas toujours abordable mais qui dans le temps saura prendre de l’ampleur et peut être, qui sait, devenir une référence.

Construisant un canevas pop à nul autre pareil, O déconstruit avec audace et intelligence une pop anglo saxonne pour n’en retenir que l’essence même. Construisant une musique possédant une allure folle, le Français nous propose un album aux contours puissants et pleinement aristocratique où l’excellence semble être la norme. On retrouve dans ce « Un torrent, la boue », une forme de tout extrêmement cohérent et difficile à surpasser. Multipliant les bonnes idées, il dessine avec ferveur des compositions aux lignes acérées qui rapidement nous dépassent. Chapeau !

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production