/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 05-11-14

Neil Young – « Storystone »

A 68 ans, Neil Young Semble infatigable. « Storytone » n’est pas moins que le second album qu’il sort en 2014. Et le Loner n’a pas fait les choses à moitié : 92 musiciens et un Big Band pour ce nouvel album tout en ballades pleines de cordes et de grooves oldies. La performance est belle, mais laisse pourtant un peu perplexe…

Neil Young n’a jamais été avare en surprises musicales tout au long de sa longue carrière. Il n’hésite pas à virevolter entre déluges sonores électriques et titres purement acoustiques, en passant pas quelques expérimentations bruitistes. « Storytone » aborde un aspect symphonique jusqu’alors simplement effleuré. Bien sûr, la patte est là, reconnaissable instantanément : les mélodies et surtout la voix sonnent merveilleusement sur un « Plastic Flowers » ou encore le superbe « When I watch you sleeping ». On est pas l’un des meilleurs songwriters de sa génération pour rien. La voix un brin écorchée est remplie d’émotion et nous emporte sans aucun mal. Les arrangements de cordes portent l’ensemble avec finesse, sans jamais verser dans le grandiloquent, piège dans lequel il est facile de tomber.

Pourtant, malgré tous les efforts et moyens mis en oeuvre, on a du mal à rentrer totalement dans ce tourbillon de cordes et de cuivres finement arrangés. Ce brave Neil se retrouve en train de chanter au milieu d’un conte de fée digne de Disney, alors qu’on l’imagine plus transpirant dans un bon vieux Sergio Léone. Un rôle à contre-emploi intéressant mais qui ressemble trop à un exercice de style un peu trop sucré et mielleux à l’image d’un « Tumbleweed » qui aurait eu sa place dans la bande-originale de « Raiponce ».

Le constat est encore plus flagrant sur les titres « Big Band ». Neil Young sort le smoking et se la joue blues crooner. « Like you used to do » ou « Say hello to Chicago » sont dans cette veine ultra-classique, efficace et portés par des orchestrations impeccables, mais Neil Young en costume et nœud papillon, ça ne veut décidément pas coller.

Pourtant les titres sont bien écrits, bien arrangés, la manière est là mais la sauce à du mal à prendre. Sans doute un peu trop artificiel et trop dans la démonstration (réussie), on se dit que ces 10 morceaux ne sont finalement pas mis en valeur par la multiplication des musiciens. En simple guitare/voix ou piano/voix, ils seraient tout aussi bons, voir meilleurs… ça tombe bien, car l’édition deluxe prévue pour décembre contiendra ces versions épurées.

« Storytone » ressemble trop à un exercice de style bien ficelé pour nous transporter outre-mesure. De plus, l’alternance orchestre/Big Band nuit à la cohésion globale de l’album. Pourtant le talent de Neil Young pour écrire de bonnes chansons brille une nouvelle fois, et l’on a hâte d’entendre les versions alternatives en solo. Avec « Storytone », Neil Young se faire un petit plaisir « de luxe » qu’on ne peut lui refuser, il l’a bien mérité.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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