/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 01-09-14

Monogrenade – « Composite »

Assez peu connu en France, Monogrenade est pourtant devenu en un album un pilier de la scène pop québécoise. Menés par leur leader Jean-Michel Pigeon, ils nous reviennent au travers d’un second album intitulé « Composite ». Dans la droite lignée de leur précédent opus, les 6 québécois nous offre 10 titres électro acoustiques d’une densité rare où la pop est influencée par la musique classique.

Partisans d’une musique atmosphérique aux confins du sound design, c’est logiquement par une introduction planante et puissante que s’ouvre ce nouvel opus. Univers mélodique et porteur d’une âme, la musique de Monogrenade ne laisse pas indifférent. Travaillant progressivement un arrangement fin et nuancé, sur le titre éponyme, les Montréalais nous apparaissent dans toute leur complexité.

Mélangeant avec une grâce folle piano sobre et cordes plus communes, les Québécois créent un environnement propre à la rêverie. Il y a un véritable lâché prise dans cette musique qui, telle une marée, agit doucement mais inexorablement. Car avant tout, le talent de Monogrenade consiste à marier, sans faute de goût, électro et acoustique.

Sobres voire minimalistes dans leur approche musicale, les Québécois construisent de véritables bijou électro-pop loin des canons du genre. Random électro glacé sous une voix murmurée sur « Métropolis » ou mélange de chanson française torturée et d’électronique sur « Phaéton », Monogrenade réussit à catalyser une énergie débordant de créativité dans un tout cohérent et très accessible.

Car oui, le groupe ne fait pas dans la musique pointue ou propre à une élite. Essayant à chaque fois de mêler expérimentations et sonorités plus communes, ils réalisent des titres à cheval entre deux mondes. Secouant sur « L’aimant » et « Cercles et pentagones » une variété rock en perte de vitesse, ils mêlent rigueur anglo saxonne et créativité latine dans un tout où la mélodie semble la clé de voûte de l’ensemble. Parfois résolument rock, ils y incorporent une électro grand public sans jamais tomber dans le low-cost ou la musique au mètre.

Un peu plus transparent sur le très lisse « Labyrinthe » aux guitares Nada Surf ou cédant à la facilité électro sur « Sommeil », l’album n’en demeure pas moins réellement jouissif sur des titres comme « Phaéton » ou « Tes Yeux ». Mais c’est résolument sur le dernier titre « Le fantôme » que « Composite » prend toute son ampleur.

En effet, à l’image du fantôme du titre, la composition se modélise sous nos yeux devenant de plus en plus précise et nous emportant dans un univers à nulle autre pareil. Follement inventive, dans une approche conceptuelle loin d’être abstraite, Monogrenade mêle musique pop et constructions avant-gardistes. Cohérent de bout en bout, le morceau se lit comme une œuvre classique multipliant les parties et les émotions qui vite nous emportent.

Dense, réellement magnétique, ce 3ème album de Monogrenade semble être le chaînon manquant entre Yann Tiersen et Radiohead. Sombre et lumineux à la fois, classique de part ses sonorités et inventif dans ce mélange des genres, sobre sans être nu, « Composite » nous régale de ses expérimentations et de ses mélodies. À l’image de ces toiles de maitre, la musique des québécois regorge de détails musicaux qui apparaissent au fur et à mesure des écoutes. Difficile de ne pas succomber!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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