/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-05-14

Mokaiesh – « L’amour qui s’invente »

Pochette à la sobriété éclatante surmontée de son nom en lettres capitales, la musique de Cyril Mokaiesh est pourtant loin de ce calme de façade. Musique riche et souvent tumultueuse, le français nous délivre un deuxième album intitulé « L’amour qui s’invente » dans lequel il pose par écrit ses émotions sans jamais réussir à nous toucher.

Pop coulante, sans granularité, « Change » premier titre de cet opus résume assez bien le dilemme de ce jeune homme de 29 ans. Posant sur des chansons aux textes très engagés et, véritablement vécus, une musique à la grandiloquence lisse, le français se débat dans une musique trop propre qui annihile toute volonté de velléité. L’univers que souhaite proposer Mokaiesh ne colle absolument pas avec cette musique au final très aseptisée.

Très Calogero sur « La Nuit », sa voix puissante sans fêlure constitue une contrainte de poids dans son approche musicale. Obligé d’en faire des tonnes pour se casser la voix ou pour chichoter, il vit excessivement ses chansons les rendant usantes et manquant de sincérité.

Que cela soit sur « T’étais Belle » ou « Besame », Cyril Mokaiesh transporte la chanson revendicatrice dans un monde très comédie musicale à la pop impersonnelle et ennuyeuse. Contestataire dans son attitude vocale, il détruit ce dynamisme avec des arrangements extrêmement standardisés à la limite de la transparence. Véritable parodie de Jacques Brel sur « Partir », Mokaiesh mélange sans grande finesse concepts et chansons françaises dans un tout manquant cruellement de simplicité et de spontanéité.

Pourtant bien que lisse et sans folie, les arrangements restent techniquement de très bonnes qualités réussissant presque à nous emporter sur le très réussit « La demande ». En effet, au travers d’une dynamique rappelant Cali, le jeune homme touche du doigt ce qu’il fait de mieux.

Cyril Mokaiesh nous propose avec « L’amour qui s’invente » un album au goût fade. Décevant de normalité, il égrène sa pop vaporeuse en mettant en avant son assurance et sa voix au timbre trop lisse. Surjouant chaque émotion, le français nous lasse de ses excès et l’on se perd vite dans ce magma musical manquant cruellement de simplicité et de sobriété.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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