/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-06-16

Miossec – « Mammifères »

On en le présente plus. Fer de lance d’une nouvelle scène française à l’identité affirmée, Miossec est depuis ses débuts une valeur sûre de la chanson française. Malgré quelques albums en deçà, la plupart de ses compositions sont devenues au fur et à mesure des classiques du genre que plusieurs générations s’approprient. Cette place à part sur l’échiquier de la chanson française ne le protège pas des albums un peu plus faible comme l’est ce « Mammifères » presque stéréotypé.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Revenir deux ans après un dernier album renversant, sobre et grave, voilà qui n’est pas commun pour qui connaît le personnage. Dans une approche très (trop ?) chanson française baignée d’un accordéon dégoulinant, le breton trace sa voie dans un mélange de ritournelles addictives et de mélodies une fois de plus bien mises en lumière. Pourtant une fois n’est pas coutume, ce mélange fleuri ne fonctionne pas vraiment. Multipliant les harmonies, Miossec se prend les pieds dans le tapis au détriment d’une sobriété esthétique.

Dans une approche parfois un peu grossière « Après le bonheur », Miossec semble avoir des difficultés dans son inspiration. Au travers d’une musique parfois un peu entendue, il tente de jouer sur la corde sensible se rapprochant en cela d’un Renaud nouvelle mouture. Ce mélange de sonorités grailleuses et de textes fins n’arrive pas à masquer une gêne, une approche beaucoup plus standardisée de son répertoire. Ainsi, sur « La vie vole », feutré et granuleux, le breton s’essaye à la balade brut et légère mais ne parvient pas à transcender ce côté vaporeux qu’il souhaite donner à cette composition. Sans jamais décoller, le titre se noie dans une approche à la variété pâle et fade.

Festif et grave sur « Les Mouches », ou dépotant dans un mélange de granularité et de douceur sur ce qui s’apparente au meilleur titre de l’album « Les Ecailles », Miossec sort enfin de sa torpeur. Abordant avec enthousiasme les thématiques de la mort et de la vieillesse, mélangeant guitare rythmique, violons stridents et rythmique entraînante, il dessine un rock gras et souple dans lequel on le sent pleinement à l’aise. Émaillée d’une rythmique au groove puissant, la musique du Français fonctionne ici à plein pot. Nous gratifiant d’une mélodie à tomber, Miossec s’envole dans un titre à sa hauteur.

Malheureusement cet état de grâce ne dure pas et c’est sur un « La Nuit Bleue » mièvre et lent que le Français se casse de nouveau les dents. Dans cette propension à tout dramatiser, à rendre tout doux et mélancolique, Miossec agace et s’éloigne de son approche habituelle. Ce single de l’album révèle les failles et les coups de mou de ce « Mammifères ».

Alors oui, dire que l’orchestration et les textes sont transparents serait mentir. Ce nouvel album apparaît en deçà. Disons qu’il y manque une âme, un réel malheur, une urgence, une volonté de recommencer de zéro. Miossec fait une chanson française actuelle et plutôt bien montée mais on attend plus de l’artiste, un investissement plus prompt à dénoncer des habitudes tue l’amour. Le dernier album nous avait prouvé qu’il  était encore un animal à part dans cette chanson française de plus en plus standardisée. Il ne faudrait pas que ce nouvel opus augure de la suite. Bref on est déçu…

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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