/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 17-09-13

MGMT – « MGMT »

Déconcertant. C’est la première impression qui se dégage du nouvel album éponyme de MGMT. Pourtant, passé ce premier palier de psychédélisme nébuleux et expérimental qui laisse quelque peu perplexe, on devine un album où le duo new-yorkais pousse encore plus loin les expérimentations de « Congratulations », rendant le tout difficile d’accès et prenant le risque de franchir un point de non-retour qui laissera sûrement de côté bon nombre d’oreilles trop sensibles…

Une chose est sûre, MGMT a définitivement tourné la page des singles et tubes pop façon « Time to Pretend ». Un parti-pris sans surprise quand on connaît la position du groupe face à leur tube « Kids », qu’ils refusent obstinément de jouer en concert. Finalement ce nouvel album n’est que la continuité du virage lentement amorcé sur « Congratulations », délaissant les formats standards couplet/refrain pour des expérimentations toujours plus psychédéliques.

Pourtant « MGMT » comporte son lot de bonnes chansons pop psyché comme le groupe sait en faire. Le single « Your life is a lie » et surtout le très agréable « Alien Days » sont dans la lignée de ce que MGMT a déjà pu produire et les bonnes mélodies pop sont toujours là. « Plenty of girls in the sea », c’est un peu leur « Octopus’s garden » à eux. C’est léger, bourré de multiples effets délirants et reste en tête facilement. Même chose pour la reprise de Faine Jade, « Introspection » : assez proche de l’original, le morceau tourne bien, porté par une batterie pleine de delays et une sympathique mélodie typiquement pop 60’s. Malgré la multitude d’effets déployés et brouillant les pistes, on ne peut qu’admettre que le groupe sait y faire quand il s’agit d’écrire des titres pop efficaces.

Pourtant, les choses se compliquent dans la seconde partie de l’album. « An Orphan of fortune », mais surtout l’enchainement « A good sadness » suivi de « Astro-Mancy » laisse dubitatif. Le premier titre multiplie les couches de boucles électroniques au sein d’une structure torturée au travers de laquelle la voix de Andrew VanWyngarden tente de se frayer un obscure chemin… Le pari est osé, mais il aurait fallu une mélodie au relief plus clair pour qu’on suive MGMT dans leurs volutes expérimentaux. Au lieu de cela, on reste extérieur à ce mystérieux gros nuage psychédélique qui ne fait qu’annoncer l’orage « Astro-Mancy ». Boucles percussives pleines de reverbs et nappes vintages soutenant une voix sans réelle mélodie : un titre hypnotique et anxiogène dont rien ne ressort réellement. C’est cet aspect « délire de studio » surement issu de longs jams improvisés qui entache clairement l’efficacité d’un tel album, allant même jusqu’à occulter les bonnes choses.

Ainsi, dans une ambiance inquiétante extrêmement bien produite, « Cool Song No.2 » et « Mystery Disease » expérimentent aussi. Les Flaming Lips ne sont pas loin, et sans être parfaits ni forcément très abordables, ces titres tiennent mieux la route que les errances précédemment citées, bien que la verve mélodique du duo Goldwasser/VanWyngarden soit nettement moins présente que sur leurs deux précédents opus. « I love tou too, death » est pourtant l’exemple parfait d’une prise de risque expérimentale et réussie. La mélodie se construit lentement autour d’arrangements complexes formant progressivement et imperceptiblement une toile sonore aboutie et bien pensée.

Ce nouvel album n’est donc pas ce que le groupe à fait de mieux. Pourtant Il serait trop facile de tirer dessus à bout portant. Si on se contente des 4 ou 5 titres les plus pop, il s’avère même de bonne facture et bien ficelé, voir au-dessus de bon nombre de productions actuelles. Mais ce sont finalement les tentatives plus aléatoires des titres restants qui attirent l’attention et posent question : MGMT alterne le meilleur comme le pire au risque d’aller dans une direction qu’on a du mal à suivre. Et ce n’est pas tant l’aspect expérimental qui est gênant, certains titres étant tout à fait honnêtes, mais c’est surtout la manière qu’a le groupe de masquer certaines lacunes de compositions par des effets psychédéliques usants et quelques effets de production.

Les 2 américains semblent vouloir à tout prix marquer leur rejet de la pop psyché et tubesque de leurs débuts au point de sacrifier une partie de ce nouvel album à des digressions de studios moins intéressantes. « MGMT » est un épilogue un peu difficile à avaler et une page se tourne. Reste à savoir si le groupe saura rebondir en écrivant un prochain tome digne de ce nom.

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com

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