« No compass will find home » est le 4ème album de Conrad Lambert, ou Merz, et le définir en quelques mots n’est pas chose aisée tant celui-ci est dense et riche.

C’est toute la force de cet album. Merz alterne les styles et les ambiances avec une facilité déconcertante. L’album s’ouvre avec le superbe « Arrows » et ses arpèges de guitare acoustique, pour ensuite nous proposer la transition « Lauterbrunnen » dans un style indu très sombre et déconcertant, puis enchaîner avec « Judge », morceau plus classique ancré dans les bonnes années 80, façon New Order, voire la bande à Bono.

Et pourtant ce « No compass will find home » ne manque pas de cohérence : les synthés analogiques sont omniprésents dans les arrangements, comme sur le technoïde « Eudaimonia » et ses arpeggios totalement déstructurés; mais c’est surtout la voix unique de Conrad Lambert qui porte l’ensemble de cet album.

Ce sont finalement les morceaux les plus « posés », où les effets se font plus subtiles, que les qualités vocales de Merz sont les plus évidentes. « Toy » en est l’exemple parfait, avec une voix puissante portant une mélodie simple et efficace, le tout sur des arrangements électro rock fins et travaillées. Même constat sur « The hunting owl », où les guitares acoustiques et choeurs mettent en valeur le timbre très personnel du multi-instrumentaliste. C’est d’ailleurs dans ce style folk electro-rock dépouillé qu’il est le plus efficace, les morceaux plus rythmés comme « Eudaimonia » ou « Credo » étant finalement plus classiques et moins accrocheurs.

Malgré des arrangements complexes et des sonorités numériques très présentes, cet album reste abordable en grande partie grâce à l’aspect très mélodique des compositions de Merz. Certes, certaines parties orientées musique électronique pourraient en décontenancer plus d’un, mais c’est justement ce complexe mélange folk-électro qui fait tout le charme de Merz, comme le résume si bien le titre éponyme « No compass will find home ».

Si 2012 a été marqué par l’incontournable « An awesome wave » de Alt-J, ce nouvel album de Merz est dans la continuité de cette nouvelle vague de compositeurs de talents sachant jongler entre le folk classique tout en utilisant les outils modernes à leur disposition, sans omettre l’essentiel: des compositions de haute-volée.

Marty Tobin
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