/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 22-04-16

Marvin Jouno – « Intérieur Nuit »

Décorateur pour le cinéma durant près de dix années, c’est dans un premier album au souffle impressionnant que Marvin Jouno se fait son cinéma. Originaire de Saint-Brieuc mais ayant grandi en région parisienne, le Français nous propose un voyage avec pour toile de fond une électro fine et mesurée ainsi que des textes ciselés. 

Visage fermé sur une pochette sobre avec en fond les barres HLM, le Français annonce de suite la couleur. Dans un background très électro, Marvin Jouno avance pas à pas nous gratifiant de son écriture ample et déliée qu’il se plait à truffer d’images poétiques. Nous faisant dégringoler à ses côtés avec « L’avalanche » dans une chanson française moderne, on se laisse emporter par ces couplets à la nonchalance assumée.

Voix traînante aux reflets sombres, on pense bien évidemment à Benjamin Biolay. Les premiers morceaux sont à ce titre déroutant. Proche d’un copié collé du style du lyonnais sur « Quitte à me quitter », on est comme gêné par ce style aspirant les codes de la « Superbe », de cette musique un poil déprimée et exigeante déposée sur un tapis électro tranchant.

Heureusement, à partir de « Antoine de 7 à 9 » le style de Marvin Jouno (entre cinéma et littérature) se fait jour et nous emporte dans un tourbillon de cette chanson française à la classe indéfinissable. Le Français tisse sa toile cinématographique au travers d´une musique ronde et feutrée. N’hésitant pas à utiliser une électro rythmique pour mieux valoriser ses paroles, il impressionne de sa maîtrise d’un style sobre et percutant.

Cerise sur le gâteau, au travers d’un livret copiant les codes du scénario, il réussit à donner à chaque composition un contexte, une ambiance qui donne au tout ce sentiment d’intégrer une histoire, d’entrer dans un univers unique. Les clins d’œil sont partout, un peu comme sur cette magnifique reprise du « Grand Sommeil » d’Etienne Daho pour laquelle il indique dans le livret « Séquence 84 : INT jOUR, chambre appartement, rue de Rennes »

Marvin Jouno parvient avec beaucoup de classe, à l’instar de ses aînés Biolay ou Beaupain, à transformer une variété française en une mélopée granuleuse et sobre. Il se pose en esthète d’une chanson française sans superlatif qui propose un véritable voyage doux et lentement addictif que l’on se plait à écouter et à réécouter sans fin. Naviguant entre chanson française sobre et variété pesante il réussit un sans faute.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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