/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 19-01-15

Mademoiselle K – « Hungry Dirty Baby »

« Fais ton album en français, sinon on te vire », c’est en substance ce que sa maison de disque lui déclara en apprenant son projet d’album en anglais. Qu’à cela ne tienne, après un changement de musiciens et s’être mise à la basse, Mademoiselle K sort son nouvel album intitulé « Hungry Dirty Baby » sur son propre label Kravache. Au programme du rock qui tâche, une liberté totale et une Mademoiselle K qui semble retrouver le goût de faire de la musique.

Sonorités granuleuses, rock rude voire rugueux, c’est un « I Can’t ride a fucked up bull » au goût de révolte que Mademoiselle K ouvre le bal. Lourde, éclairée de cette voix vive et puissante, la musique de la chanteuse se construit sur une mélodie simple et un arrangement des plus sobres. Contours clairs et anguleux, le titre trace son sillon dans une composition où, sans jamais atteindre un climax, elle nous hypnotise.

On ressent sur ce nouvel album une véritable envie, une soif de jouer, un plaisir de se retrouver à s’exprimer sur des compositions taillées à la serpe qui font un bien fou. Extrêmement directe sur « Glory », elle nous rappelle le rock des années 70 partant dans tous les sens. Entre un punk adouci et un rock sans compromission, Mademoiselle K promène son accent british et son attitude de girl rock dans un univers des plus machos. On tombe de suite amoureux de cette énergie qu’elle réussit à concentrer dans un morceau à la fois festif et revendicatif.

Construisant de purs bijoux rock tels ce « R U Swimming » noir et vibrant, elle nous inonde de cette colère, cette énergie rentrée et addictive. Mademoiselle K baisse la tête et pousse sur une première partie d’album en forme de retour au source d’un rock trop souvent englué dans une pop collante. Pourtant loin de lui tourner le dos, elle l’utilise dans une deuxième partie plus calme et calculée.

Très pop sur « Hungry Dirty Baby » ou « Love Robots », elle colore ses morceaux aux motifs récurrents d’une atmosphère sonore très planante rappelant une new-wave 80’s. Mais Mademoiselle K ne joue nullement sur la nostalgie, elle se construit progressivement un écrin pop rock dans lequel on se retrouve complètement. Rappelant brièvement Radiohead sur « Walk of Shame », elle impressionne de sa science de l’arrangement travaillant une monotonie inspirée. Mélodie plaintive, le titre tire clairement son épingle du jeu dans un tout extrêmement bien produit.

Brute et touchante de sincérité, Mademoiselle K nous livre à coup sûr son meilleur album. « Hungry Dirty Baby » porte en lui une remise en cause salvatrice qui permet à la jeune française de rebondir dans un marché musical parfois un peu saturé. Elle réussit à faire un pont entre rock british sobre voire sec et pop rock grandiloquente rappelant parfois The Smashing Pumpkins. Beaucoup moins manièrée ou prisonnière d’un style haché et tranchant, Mademoiselle K se livre un peu plus. Tant mieux pour nos oreilles!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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