La Rue Kétanou – « Allons Voir »

Il y a des groupes qui dans l’inconscient collectif représentent une vision du monde, une façon de faire de la musique. La Rue Kétanou en fait parti, égrenant depuis maintenant plus de 15 ans sa musique emplie d’une liberté de ton et de composition rare dans le paysage français. Dans une approche toujours aussi entière et humaine, ils nous reviennent en ce mois de Janvier avec « Allons Voir », leur 6ème album.

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Démarrant sur un air de guitare et d’harmonica, Florent, Mourad et Olivier nous ouvre grand les portes de leur univers métissé aux influences diverses et variées. En effet, « Allons voir » pose les bases de l’atmosphère si caractéristique des français mêlant chant à trois, musique acoustique festive et chaleur humaine qui vite imprégne l’intégralité des morceaux.

On reconnaît chez les 3 français cette chaleur toute naturelle et ce chant sans fard ni maquillage. À la frontière du live, le trio réussit à rendre le tout très proche de l’auditeur. Dans une approche très réaliste de la musique, La Rue Kétanou fait partie de ces quelques groupes ayant réussi à garder une ligne directrice qui est toujours celle de leur début.

La gouaille en tête, le trio a un don inné pour conter des histoire ancrées dans la vie. Ainsi sur « L’âge Nucléaire » et « Le chien », rythmiques et sans prise et tête, les français racontent avant tout une histoire s’amusant à chaque strophe et nous livrant au passage leurs opinions et leur vision d’un monde qu’ils espèrent meilleur.

Que cela soit un peu jazz manouche sur « Négrita » ou typique de la nouvelle scène française sur le très bel hommage « Patricia », il y a une véritable âme dans les compositions des français qui peut parfois faire sourire par une approche un tantinet naïve mais qui joue franc jeu et ne cache aucune aspérité. Jouant sur leur différence comme autant d’avantage, ils signent ici un album dans la droite ligne de leur prédécesseurs. Allant chercher leur inspiration dans une immigration musicale, ils sont la preuve vivante que la chanson française s’est de par tout temps imprégnée de nombre de chants ou de mélodies étrangères tirant sa substance de cette mixité.

Bien que la plupart du temps sans équivoque et parfois abrupte, le message de La Rue Kétanou reste avant tout sociétal. Abordant l’absurdité de certaines règles dans des titres comme « Interdit » ou « Les dessous de table », les trois compères visent juste. La poésie chez les français intervient dans le rapport au quotidien, ainsi ils ne s’encombrent pas d’arrangements léchés ou travaillés (bien que la fin d’« Interdit » pourrait me contredire). Non, le but est avant tout de faire passer un message, le plus clair possible et ce faisant, les garçons apparaissent tels de véritables troubadours modernes colportant un message et une ambiance dans un tout codé et universel.

Anti système, parfois dans une attitude stéréotypée, il y a chez La Rue Kétanou ce combat presque chimérique et semblant d’avance perdu qui les rend bienveillants et sympathiques. Pourfendeur d’une cause et d’un esprit de liberté complet, qu’ils adoptent de la production à l’écriture de leur album, le trio partage sa vision sans être dogmatique. Une chose est sûre, le message passe très bien et est plébiscité par le public.

Alors bien sûr, La Rue Kétanou fait de La Rue Kétanou, mais cela a-t-il vraiment une importance? N’attendons-nous pas de ce genre de groupe une constance dans la contestation et les positions. L’univers des français parlent à un public et tant pis si l’utopie guette, le principal est de s’amuser et de penser qu’un jour tout deviendra possible. En attendant le trio fait son petit bonhomme de chemin sur les routes de France égrenant sa musique et son univers au fil des dates pour le plus grand bonheur de leur public.

Retrouvez la Rue Kétanou en acoustique avec leur titre « Germaine » pour Quai Baco :