Agnès Gayraud de son véritable nom a longtemps œuvré au sein d’un groupe mais ce n’est qu’en 2014, avec « Adieu L’enfance », qu’elle a pris seule son envol. Sur ce deuxième album, la française se pose en maîtresse d’une pop rock gracieuse et mélodique. 

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C’est au travers d’un premier titre sec et tout en retenu « Senga » rappelant beaucoup l’univers de Zazie, que La Féline nous ouvre les portes de ce « Triomphe ». Elle dessine une musique au rock féminin et nuancé. Posant sa voix douce et précise sur une composition feutrée, elle travaille des mélodies aux amplitudes réduites sur un background sobre et répétitif. La française se plait à y instiller progressivement une pop rock à l’esthétique très variété française. On y retrouve ce mélange de personnalité rock dans un écrin à la variété de qualité.

Dessinant les contours de chacune de ses compositions par une basse clinquante au son rond, elle chevauche de sa voix douce une instrumentation à la fois sobre et chic sans être trop moderne. Elle trouve ainsi son équilibre dans ce mélange excessivement bien pensé entre pop mesurée et variété assumée, ne s’interdisant pas parfois quelques expérimentations comme sur « Le Royaume ». La Féline rend abordable une pop parfois trop intellectualisée.

Retrouvant à divers moment une electro travaillée comme sur « La Mer Avalée » et « Trophée », la française penche parfois pour la chanson concept sans nous prendre une seule fois de haut. On pense à cette avant garde française, à ces artistes à la pop tranchante et aux textes ciselés. Là où La Féline les surpasse c’est dans le fait qu’elle apparaît capable de jongler avec les différents styles sans jamais s’enfermer dans un seul en particulier. Nous guidant dans une electro précise, elle tricote une instrumentation aux petits oignons avec un sens rare de l’illustration sonore.

Chez La Féline, l’électro se vit lente et dense au rythme d’une chanson française pointue et enveloppante. Mélangeant avec beaucoup de subtilité une electro fine et une pop rock très variété donnant au tout un côté sombre et mystérieux. On retrouve dans La Féline ce qui nous avait tant plu chez Robi, cette force douce et tranchante à la fois. Travaillant les sonorités de chacune de ses compositions, La Féline dessine à chaque fois une atmosphère atypique vite addictive.

En essayant le plus souvent de ne pas tomber dans le grandiloquent facile, la française poursuit avec une facilité hors norme son approche atypique d’une pop orfèvre dont elle travaille chaque accord de ses mains d’or. Il y a un côté indomptable dans cette Féline qui, en toute indépendance, trace sa route à grand renfort d’une inspiration qui ne lui fait jamais défaut. Se laissant le temps de la composition, elle ne respecte pas les codes de la pop standardisée et prouve avec grâce qu’il est encore possible de nos jours de réaliser un album fort et puissant en ne suivant que son instinct.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com