Rappeur français aux inspirations US, KillASon est un ovni dans le paysage rap français. Découvert début 2016 avec son très réussi « The Prize », il nous revient en ce début d’année avec un EP dans la droite ligne de ses précédentes productions. Puissant, nerveux, il plaque sa vision d’un rap US sur une instrumentation mêlant avec intelligence pop, rock, rap et électro. 

Il y a pourtant comme un air de déjà vu à l’écoute du premier titre « Free ». Posant un flow saccadé sur une musique des plus laminaire, Marcus Dossavi-Gourdot de son véritable patronyme, apparaît dès le début de ce premier titre un peu en peine. Et pourtant d’un coup tout explose et l’on se sent emporté par une vague à l’electro pointue et tranchante dans laquelle le français se plait à faire ricocher son art brut. Syncopé dans une composition au mélodisme certain, KillASon réussit à imposer son style inimitable avec un sens certain de la mise en scène musicale.

Puissant dans une structure qui nous étonne à chaque accord, il nous impressionne de son approche pragmatique d’une électro pop aux accents commerciaux possédant ce je ne sais quoi d’additif. Le français utilise ses influences pour mieux inscrire sa création dans un tout éminemment addictif et plaisant. Mélangeant habilement electro, Rap et pop sur un « Blow » salvateur, KillASon continue de nous emporter dans un univers extrêmement percutant propre à cet artiste entier cumulant moult talents. Capable de transformer un rap graisseux en une pop piquante et acidulée sans tomber dans une approche commerciale, KillASon crève l’écran et nous laisse coi.

Se plaisant dans un mélange toujours très travaillé, KillASon se glisse dans la peau d’un MC, d’une star de la pop ou d’un DJ avec une facilité déconcertante. Précis dans son flow chirurgical, il mitraille avec un gout certain ses compositions de ses structures vocale édifiantes « Karma Up ». Dans un écrin à l’électronique un poil vintage, il réussit à rendre le tout tranchant. On se plait de ses instrumentations aux basses rondes, aux batteries jungle, aux planants ambiants qui diffuse un dynamisme certain et dans une certaine mesure l’univers atypique du parisien.

Traçant sans ambages une electro glaciale et tranchante, KillASon se plait à découper à le serpe son chemin dans une pop à l’hostilité synthétique et diablement entraînante sur « Ghost ». KillASon nous sort de la léthargie grâce à une approche subtile et diablement rythmique d’un rap à la pop rock très présente. Dessinant le futur d’un mélange Rap Pop, il impressionne de ses partis pris et de son sens de la mélodie. Fourmillant d’idée, ses compositions sont des milles feuilles dans lesquels viennent se nicher des instrumentations au tranchant assumé.

Puissant dans son flow indéfinissable, il apporte de sa voix ce supplément dynamique et tranchant à une pop syncopée qui s’en nourrit. Construisant des titres au grand écart certains, capable de puiser aussi bien dans la French touch rappelant justice ou une pop country semblable à certains morceaux de Nancy Sinatra, KillASon se nourrit  d’une multitude de style pour mieux nous imprégner du sien unique et difficilement imitable. Chez ce fils de chorégraphe tout est travaillé pour pousser les styles dans leur retranchement et mélanger les sens avec un résultat au dessus des espérance, racé et unique.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com