/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 20-10-14

Karen Brunon – « La fille idéale »

Violoniste de formation, Karen Brunon est surtout connue pour être une des meilleures, sinon la meilleure, violoniste de la chanson en général. Passée par le répertoire classique elle dériva vite vers un répertoire plus actuel en devenant premier violon de nombres d’artistes reconnus. Vanessa Paradis, Woodkid en passant par Damon Albarn, ils sont pléthores à lui avoir fait confiance. C’est donc en artiste accomplie qu’elle nous présente son premier album solo intitulé « La fille idéale ».

Pas étonnant, connaissant le parcours de la jeune femme originaire du Puy-en-Velay, de retrouver Chilly Gonzales, autre génie faisant un pont en classique et moderne, sur une intro « Cordelia » faisant la part belle à sa partie classique. Le violon se mêle parfaitement au jeu léger et vaporeux du Canadien. Mélodique, classique sans être pompeux les instruments se répondent au travers d’une ligne mélodique claire et de toute beauté.

Dès le deuxième titre, Karen Brunon nous ouvre les portes de son univers entre mélodisme et technique. Mariant avec talent une guitare au rythme franc et une voix doublée, elle nous emporte dans « Une aventure » en forme de canon rappelant bigrement le Goldman de « Chanson pour les pieds ». Simple au premier abord, on se laisse emporter dans cette superposition de voix qui dessine une ligne mélodique de toute beauté restant longtemps en tête. Montant progressivement en puissance, Karen superpose aussi les parties instrumentales rendant le tout vite porteur et, a l’intelligence de ne pas faire durer le concept qui risquerait vite de s’épuiser.

Entourée de son ami Benjamin Biolay à la réalisation et de Keren Ann aux arrangements, Karen Brunon met toutes les chances et son côté. On retrouve d’ailleurs la patte du Lyonnais sur des titres comme « La fille idéale » ou « Tu ne sauras pas ». Mélodie répétitive à la limite de la monotonie, accompagnements au mélancolisme désespéré, Karen Brunon personnifie à merveille des compositions riches et denses.

Jouant parfois un peu trop sur la corde de l’émotion « Au cours de la vie », elle porte en elle une variété dont les racines puisent à l’international. On pourrait penser que cette jeune femme est québécoise tellement son approche est anglosaxonne. Sans jamais se faire écraser par un français qui fait peur à nombre de groupe, elle réussit à mixer variété française et pop anglosaxonne à l’image du très bon « Ta muse ».

Cette approche ne l’empêche pas de se fourvoyer dans quelques titre un peu sirupeux où les violons comblent plus qu’ils n’apportent. Ainsi sur « À fleur de peau » ou « L’amour en cage », Karen se perd dans une grandiloquence lente et un peu lourde. Même constat sur « Rien » où la facilité guette et l’on finit par trouver dommage ce manque de prise de risques sur ces mélodies très Calogero au terreau fertile.

Ce premier album en solo, n’a donc rien d’un saut dans le grand bain. Ayant affûtée ses armes durant de nombreuses années aux côté des plus grand, Karen Brunon en tire une synthèse plutôt pertinente, mélange de variété française et de pop anglo saxonne tout en gardant une personnalité très présente. Malgré quelques faux pas, « La fille idéale » reste un premier album plein de promesse qui verra sûrement la jeune artiste s’installer durablement dans la paysage de la chanson française.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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