/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 13-04-17

Juniore – « Ouh là là »

Pochette aux influences 60’s, 3 filles dessinées et ce titre « Ouh là là », bienvenue dans l’univers ultra kitch et vintage de Juniore. Groupe féminin par excellence, Juniore nous transporte dans une musique aux vapeurs de western spaghettis et de scopitone. Cette pop yéyé aux relents de film d’horreur de série B nous envoûte de son charme fou. Géniale pour certains, pédante ou stéréotypée pour d’autres, la musique des françaises ne laisse certainement pas indifférent.

Le décor est de suite planté sur un premier « Ouh là là », dans lequel Juniore nous emporte dans un mélange nuancé de rock blues vintage mâtiné d’un son à la rondeur analogique. En français dans le texte, les 3 filles propulsent la chanson française dans un espace aux senteurs 80’s aux rythmiques 70’s et à la construction 40´s. On plonge avec bonheur dans ce rockabilly synthétique et extrêmement rythmé qui nous donne une patate folle. Puissante et jouant sur le charme la voix de Anne Jean nous hypnotise de son grain vrombissant et de sa diction douce sur un « Panique » piquant. On est vite conquis par cette mélodie désuète sur un tout extrêmement entraînant digne d’une série B sanglante.

Cette musique néo-yéyé comme beaucoup la surnomme nous emporte dans une sorte de nostalgie sous cellophane. Musique des trente glorieuses, elle possède cette insouciance si rare à notre époque. En la mélangeant avec cette approche très Frankenstein, Juniore réussit à produire un album à la forme insouciante et au fond grave. La musique des françaises prend sa source dans une approche 60’s post révolution sexuelle qui a vu la libéralisation d’une pop féminine sensuelle et déterminée.

Pratiquant la mise en valeur d’une chanson française dans un écrin au parfum d’antan les Françaises ne se prennent pas les pieds dans le tapis et construisent leur propre univers à grand coup de mélodies à la mélancolie sous jacente. On se laisse emporter par ces compositions simples piochant leurs influences aussi bien dans les seventies que dans les eighties. Pourtant parfois la mayonnaise ne prend pas comme sur le monotone et sans relief « Ça balance », sorte d’ersatz pop doucereux voire ennuyeux.

On est heureusement vite happés par l’approche simple et impactante de ce groupe qui ne cesse de transformer une chanson française. Claviers 60’s à la Nino Ferrer et diction monotone rappelant ces poupées de cires des 60’s, Juniore excelle dans l’art de la mise en abîme et nous sert une musique puissante et travaillée où l’électro se mêle avec délice à une pop affirmée. Très Françoise Hardy sur une grande majorité de titres, la musique de Juniore nous ramène aussi à Jacquline Taïeb sur ce « En retard » rappelant furieusement « 7h00 du matin ».

Juniore pose les bases d’une musique rappelant ces scopitones où les filles tout juste émancipées jouaient les ingénues. L’époque a changé et la musique est restée. Délicieusement vieillotes dans la construction mais moderne dans l’approche ces compositions participent au renouveau de la chanson française. Sans tomber dans la copie eighties très à la mode en ce moment, Juniore puise dans le spectre des décennies précédentes pour mieux nous envelopper d’une musique au grain puissant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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