Originaire de Reims, Jeanne Added, après un premier album salué par les critiques et le public, nous revient sur un deuxième album intitulé « Radiate ». Dire que cette sortie était attendue relève de l’euphémisme tant le premier album de la jeune rémoise avait aiguisé l’appétit de ses fans. Prenant le contre pied de l’univers qu’elle avait pu créer sur « Be Sensationnal », Jeanne Added passe complètement à côté d’un retour fracassant nous embolisant au travers d’une musique lumineuse à l’excès.

C’est par un « Remake » à l’électro sourde et au groove acéré que la française ouvre le bal. De suite on se sent comme décalé par rapport à ce que l’on attendait de la jeune rémoise. Dessinant une electro pop au feutré de rigueur, elle nous propose un premier titre à la fois lisse et puissant qui progressivement se fait insidieux et brillant. Dans un entre deux qui ne plaira certainement pas à tous, Jeanne Added semble rayonner sur ce premier titre d’une pop sans grande aspérité propre à un clubbing léger et rond. 

Travaillant une matière sonore aux planants toujours très présents, elle délivre sur les titres de cet album une approche à la pop gracieuse et dynamique qui fonctionne plutôt bien mais nous apparaît vite ennuyeuse. Croisant pop et electro dans une approche au feutré rayonnant, la jeune française esquisse une composition à la joie introvertie. Sans à-coup, le titre progresse vers une electro plus forte sans jamais atteindre un tranchant qu’on lui connaissait et dont on appréciait la valeur. Construisant  une sorte d’hymne dans un écrin à l’électro pop un poil commercial, elle se perd un peu dans une musique sans accroche proche d’un ambient aux relent irlandais.

Plus proche du morceau club que de la composition electro pop, « Falling Hearts », « Before the Sun » ou « Mutate » donnent à voir une Jeanne Added un peu dépassée par sa musique et ne réussissant pas à donner à l’album une cohérence musicale. On est irrité par cette façon de chanter, par cette façon de construire des titres sans grande surprise où l’électro vient appuyer un boum boum commercial sans grande valeur. Il y a dans ce nouvel album une sorte de volonté de s’ouvrir au plus grand nombre quitte à mettre de côté la personnalité qui est la sienne.

Malgré ce tableau peu reluisant, quelques titres réussissent à prendre leur essor. C’est le cas de « Radiate », titre éponyme de cet opus qui, à l’image de ces phares de pleine mer capable de résister au gros temps, semble tracer la voie avec vigueur et noirceur. Première composition où Jeanne Added semble proposer une musique à l’audace électrisante, ce « Radiate » nous conforte dans le fait que la jeune Française est capable de composer de grands titres. Beaucoup plus noir et lancinant que la plupart des titres de l’album, il dessine une ambiance lourde et pesante qui mêlée à sa voix donne au tout une impression de puissance folle. Superbement construit il donne à voir une Jeanne Added fougueuse.

Difficile parfois de suivre la jeune rémoise dans cette succession de titres à la technique irréprochable mais à l’accroche parfois inexistante. Montrant avec délicatesse une autre face de son talent, Jeanne Added nous trouble de cette approche pleine de lumière qui vite nous aveugle d’une sobriété joyeuse et sans profondeur. Gravant dans le marbre une musique au mélange parfois malheureux, elle construit un univers à l’opposé de son premier album sans réussir à sortir la tête de l’eau malgré quelques belles réussites. La spontanéité, l’urgence et  l’animalité que l’on avait adorés dans son précédent opus n’apparaissent qu’en filigrane dans un album extrêmement bien construit à la production impeccable mais manquant diablement de relief.

Arnaud Le Tillau
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