/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-10-14

Interpol – « El Pintor »

Quel point commun peut-il bien avoir entre la cold wave des 80’s, cette musique synthétique aussi froide que sombre, et New York City cette grosse machine qui ne s’arrête jamais, réputée pour son hyperactivité, son luxe clinquant et ses tours à toucher le ciel ? La réponse est Interpol.

Quinze ans déjà que Paul Banks (chant, guitare, basse), Daniel Kessler (guitare, chant) et Sam Fogarino (batterie, percussions) nous livrent des albums séduisants dans la lignée des groupes post punk de la fin des années 70 et de la cold wave des années 80. Depuis leur premier album « Turn on the Bright Lights » paru en 2002 jusqu’à aujourd’hui, les chansons de ces américains subliment toute la nostalgie des années cold wave.

Si l’on voit planer l’ombre de Joy Division et New Order (dans la voix gutturale de Paul Banks !), du U2 dans certains riffs de guitares, les chansons du trio sont dominées par des basse tendues (rondes très en avant) jouées raides à l’allemande devant des batteries habitées d’une belle énergie dance post punk.

Voilà une musique organique et intellectuelle, qui diffuse une noirceur vénéneuse avec ces halos de voix haut perchées noyées de reverb, ce mur du son de guitares stridentes, cette batterie solidement charpentée. Cette cold wave électrique aux puissantes lignes aux riffs guitares incisifs à spectre large comme chez The Edge (« Everything Is Wrong ») et ces batteries alternant tempos linéaires et tournerie disco à enflammer les dance floor internationaux « My Blue Supreme ».

Le fil conducteur de cet album est la voix ténorisante de Paul Banks qui sonne poignante de bout en bout. Sam Fogarino qui a l’aisance de métronome, est un batteur compact et charnel, qui assène de redoutables coups de pied quand c’est nécessaire. Dès le premier titre, ça commence très fort. La mélodie de « All the Rage Back Home » parait fragile et puissante à la fois, et les harmonies vocales semblent planer en apesanteur au dessus de la toile sonore. Cela faisait longtemps que l’on avait entendu cette intensité sonore, ce mélange de force et de volupté ténébreuse.

Le reste de l’album est calibré sur le même model : mélodies fiévreuses, arpèges de guitares qui tournent en boucle sur « My Desire » se télescopent, les voix s’envolent vers les cimes à travers une harmonisation bien pensée « Ancient Ways ». A mi chemin entre noirceur rock et énergie, les textes bien ficelés donnent aux compositions ce caractère mûr et abouti.

Epaulés de James Brown (Arctic Monkeys, Foo Fighters) et Alan Moulder (Nine Inch Nails, A Perfect Circle…) pour la production, ces 10 titres mettent le feu aux poudres. Maintenant, souhaitons que ce bel équilibre tienne aussi la route sur scène. Après un live à l’Alhambra fin juin, ils seront de retour à Paris les 27 et 28 janvier prochains. Pensez à réserver.

Jean-Christophe Mary


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