/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 10-03-15

Hommage à Jean Ferrat – « Des airs de liberté »

Parmi tous les albums hommages sortant chaque mois, celui consacré à Jean Ferrat revêt un caractère particulier. Homme d’esprit et très engagé, le Français décédé il y 5 ans, a donné à la chanson français une partie de ses plus grands succès. Compilant ici ses chansons les plus célèbres, « Des Airs de liberté » nous propose de revisiter ces titres emblématiques au travers de l’interprétation de prêt de 15 artistes de styles et d’univers très divers.

C’est un Marc Lavoine posé et à la voix méconnaissable qui ouvre le bal. Le français apparaît dans ce « Camarade » en interprète rigoureux et pénétré. Très fort en terme de textes, les titres de Jean Ferrat paraissent parfois un peu larges et lourds pour certains artistes. C’est ainsi que l’on découvre un Cali un peu perdu sur une interprétation très moyenne de « La Montagne » ou Dionysos essayant tant bien que mal de soutenir une version western de « Aimer à perdre la raison ».

Raphael au travers d’une version fragile et sombre du magnifique « J’arrive où je suis étranger » ou Hubert-Felix Thiefaine sur le tragique « Nuit et Brouillard » sortent difficilement la tête de l’eau oscillant entre interprétation sobre et arrangements fades.

Complètement à l’aise sur un « La femme est l’avenir de l’homme », Julien Doré réussit la prouesse de moderniser une chanson culte sans en perdre l’essence même. Sobre et lumineux dans une interprétation sans faute, le français nous impressionne de son parti pris. De la même façon, la version de Benjamin Biolay et de Catherine Deneuve issue de la BO de Potiche, apporte une classe certaine à un « C’est beau la vie » tombé un peu en désuétude.

Mais c’est finalement la version de « Ma Môme » chantée par Patrick Bruel qui restera comme la pépite de cet album. Sobre et simple, son interprétation sonne excessivement juste et nous touche de plein fouet. On tombe de suite sous le charme de cette voix douce couplée à un arrangement porteur.

Bien sur, que serait un hommage sans chanson de Patrick Fiori ou de Grégoire qui tout les deux nous servent de véritable soupe variétoche sans intérêt. Mielleux et surjouant chaque note, ils réussissent à rendre fades et sans saveur deux titres des plus emblématiques de Ferrat que sont « Que serai-je sans toi » et « Tu aurais pu vivre ».

Malgré ces quelques interprétations un peu en deçà, cet hommage à Jean Ferrat est une véritable réussite porté par une quinzaine d’artiste d’univers et de styles très différents. « Des airs de liberté » met surtout en exergue des textes somptueux que l’on avait peut-être un peu oubliés mais gardant encore à notre époque toute leur force originelle.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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