/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-01-14

Helmut – « Décalage Immédiat »

En 2009, Eric Greff alias Helmut Fritz, avait enflammé les dance-floors avec le tubesque « Ça m’énerve ». Loin d’être l’histoire d’un ou deux singles amusants, le voici de retour avec rien de moins qu’un double album : « Décalage immédiat ». Le personnage Helmut Fritz devient juste Helmut, et l’album entend marquer un virage dans la carrière musicale de Eric Greff. La grosse blague d’il y a 5 ans devient plus musicale et aboutie. Ou presque.

Il convient de bien discerner les 2 facettes de cet album. Le second CD contient diverses reprises aussi loufoques les une que les autres. Accrochez-vous : « La Carioca » avec Francis Lalanne ou bien encore « Vieille canaille » avec Philippe Lavil… Beaucoup de second degré donc, pour des versions souvent amusantes et légères mais à l’intérêt musical parfois limité. Pourtant certains tirent leur épingle du jeu, comme l’impeccable Philippe Katherine qui se révèle parfait de décalage dans un « Thaï NA NA » de Kazero qui lui va à ravir. De son côté l’actrice Barbara Shultz nous démontre qu’elle ne manque ni de second degré, ni de voix sur le classique « 99 Luftballons » et on s’amuse des pitreries du duo.

Mais le gros morceau de cet album, c’est le 1er CD avec 9 nouvelles compositions signées Helmut. Et il suffit d’écouter « L’idole du protocole », sûrement le meilleur titre de « Décalage immédiat », pour comprendre les intentions d’Eric Greff. Le parisien veut musicalement être pris au sérieux et nous le fait comprendre sur un hip-hop au gros son et au texte bien ficelé et toujours teinté d’humour. La recette fonctionne plutôt bien sur ce titre, mais sur tout un album, les arrangements techno/dancefloor manquent de finesse et fatiguent.

C’est bien fait à l’image de l’efficace instrumental « Tokyo Tinkerbell », mais trop systématique. « La maigritude », « Famous »…des gros beats sur lesquels sont posés des chœurs féminins sur le refrain. Rien de très original, à l’image de certains thèmes abordés : la célébrité, la mode…Pourtant le flow, l’accent façon Karl Lagarfeld et la qualité d’écriture font qu’Helmut a maintenant un style bien à lui et reconnaissable instantanément. Et là où certains seront insupportés par tant de manière, on préfère y voir une « Helmut Touch » qui se fait plus marquée que sur le précédent album : l’ancienne parodie se transforme en un style à part entière.

C’est finalement le manque de nuances musicales qui fait encore défaut à Helmut pour que l’on adhère totalement. Dans les pires moments on se revoit danser sur « Boris, soirée disco », pour ensuite passer à l’étape Eric Prydz, alors que l’on voudrait entendre Kavinsky ou Justice. Et ce n’est pas « Plus là » qui nous fera dire le contraire. Plus sérieux, sur une progression d’accords pop façon « Drive », Helmut nous démontre qu’il est capable d’autre chose que du son pour dancefloor, certes de qualité, mais encore trop formaté pour surprendre.

« Décalage immédiat » est marqué par un effort de production évident depuis « Ça m’énerve », mais il manque encore de relief et de musicalité pour convaincre. Pourtant la patte d’Helmut se fait encore plus marquée, incisive et pleine d’humour. On parie que le troisième album sera le bon?

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com


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