/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 26-05-15

Grégoire – « Poésies de notre enfance »

Deux ans après son précédent opus « Les Roses de mon silence », Grégoire nous revient au travers d’un album-projet qui le voit chanter les grands classiques de la poésie enfantine. Passant de La Fontaine à Maurice Carême, il interprète ces textes gravés dans l’inconscient collectif avec emphase. Mais le Français, premier artiste produit par My Major Company en 2008, apparaît entre deux eaux, coincé entre variété et comptines.

Issu d’un constat simple (les enfants retiennent mieux les poésies lorsqu’elles sont chantées), Grégoire se propose d’aider nos chère têtes blondes au travers d’un album fleuve contenant pas moins de 19 poésies mises en musiques par ses soins. Il faut le reconnaître l’idée est plutôt bonne et l’approche intéressante, sachant qu’un site spécialisé de l’éducation nationale permet aux professeurs de l’utiliser dans le cadre de leur formation.

Proche d’un Bénabar au détour de certains titres dont le magnifique « Des points sur les i » de Luc Brémont, certains morceaux sont de véritables réussites. Ainsi sur « Chahut », superbe poème de Véronique Colombé, il nous sert une mélodie éphémère qui s’épanouit dans une construction simple et mélancolique. Et de la même façon, « C’est demain dimanche » de Philippe Soupault ou « Lorsque ma sœur et moi » de Théodore de Banville penchent pour une approche au rythme soutenu qui sans être mielleuse mélange avec intelligence ritournelle enfantine et sonorités actuelles.

C’est sur les fables de La Fontaine qui émaillent cet album (6 fables), que le Français se prend le plus les pieds dans le tapis. Essayant tant bien que mal d’intégrer ces textes dans une approche variété, il se casse les dents sur chacune d’entre elles. Il y a un côté mielleux et plaintif qui ne colle pas du tout à ces fables, une façon de les désacraliser, de les rendre grandiloquentes qui vite nous agace. Alors que ce type de poésie nécessite une simplicité sobre, Grégoire en fait des tableaux dramatiques qui brouillent le message.

Réunissant sur un même album des poésies apprises à l’école, Grégoire tombe dans le piège de l’éclectisme de ces textes. Difficile de faire sonner de la même façon un texte du 18ème et du 20ème siècle. Mais c’est clairement un manque notoire d’humour qui nous désole dans cette approche toujours autant « premier de la classe ». En effet, Grégoire fait le job mais sans fantaisie, il nous propose un album concept qui part d’une bonne idée et d’un bon sentiment mais apparaît bien fade au regard de tout ce qui aurait pu être fait.

Semblant se faire happer par sa propre émotion, Grégoire nous offre un nouvel album un peu ampoulé qui, partant d’une bonne idée, apparaît vite un peu brouillon. Naviguant entre variété et chansons pour enfants, le Français nous perd dans une approche émotive et sérieuse. Rappelant Yves Duteil dans ce premier degré parfois un peu agaçant, Grégoire baigne d’une musique pleine de bons sentiments un peu lourde et rigide, des poésies au parfum d’enfance.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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