/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-01-15

Gaz Coombes – « Matador »

Connu comme leader de, feu, l’immense groupe Supergrass, Gaz Coombes a depuis 2012 débuté une carrière solo auréolée d’un premier album distingué. L’Anglais nous revient désormais au travers d’un deuxième opus intitulé « Matador ». Dans une approche pleine d’un rock généreux et inventif, il nous propose une musique aux sonorités multiples et aux mélodies travaillées.

Pilier d’une Britpop qu’il a fait rayonner avec son précédent groupe, Gaz Coombes se pose pourtant dès « Buffalo », premier titre de cet opus, comme un fervent défenseur d’une électro épique. Sons inversés, piano solennel, la forme est plutôt banale au premier abord mais s’avère vite très travaillée et addictive. Tel un animal rampant, l’electro enfouie devient de plus en plus présente et termine par emplir pleinement ce titre aux sonorités multiples et à la patate phénoménale.

Mais que les admirateurs de Supergrass se rassurent, Gaz Coombes n’oublie pas ses racines et nous propose au travers d’un titre comme « Détroit » une véritable perle pop à la mélodie ciselée et aux sonorités montant progressivement en puissance. On pense à Portugal The Man dans cette façon de rendre grandiloquente et puissante une pop simple d’abord.

Multipliant les bonnes idées sur un « 20/20 » travaillé, mêlant à la perfection voix et trouvailles musicales, il croise une pop ample avec une électro puissante sans jamais tomber dans le piège de la facilité. On est ainsi vite surpris par ces multiples parties qui se succèdent , formant au final un tout très homogène. Gaz Coombes joue entre banalité et bonnes idées au travers de titres tirant leur background d’une pop rock classique mais qui progressivement dérivent vers une pop-électro lumineuse.

Dans une approche éminemment empirique, l’Anglais s’amuse à repousser les limites de la composition. Le résultat est parfois miraculeux mais tombe de temps à autre dans une soupe un peu indigeste. Ainsi, à la limite du mauvais goût sur « The English Ruse » ou « Needle’s Eyes », il tente sans grande réussite une incursion dans une électro plus froide qui s’avère un peu répétitive et fade.

Heureusement, le talent de mélodiste de Gaz Coombes réussit à nous faire oublier ces quelques faux pas notamment sur un dernier titre éponyme, court et concis au groove implacable, doux et entraînant qui semble couler de source.

Opus en forme de continuité pour un Gaz Coombes bourré de talent, « Matador » s’érige en album charnière dans une carrière impressionnante. Rebondissant au travers de titres à l’electro discrète mais indispensable, l’Anglais signe un album entre grandiloquence et pop assumée possédant ce parfum si enivrant de la pure pop anglaise.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


Copyright : Quai Baco Stimuli - Mentions légales - S'abonner - Contact Pro - contact@quai-baco.com - Quai Baco Production