/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 09-11-17

Garciaphone – « Dreameater »

Véritable capitale folk depuis quelques années, Clermont Ferrand a fait éclore dans les 2000 une véritable scène folk de Cocoon à The Delano Orchestra en passant par Zak Laughed et Garciaphone. Projet solo d’Olivier Pérez, le groupe s’est agrandi pour devenir un quatuor folk sur ce nouvel album intitulé « Dreameater ». Et de rêves, il en est question dans cette musique au folk fleuri et sobre sans être minimaliste qui nous emporte dans l’univers tout en rondeur du clermontois.

Garciaphone - « Dreameater » : La chroniqueC’est donc sans surprise dans un folk doux et coulant que le français nous ouvre les portes de son univers aux contours délicats au travers d’un « Don’t let It Die Like this » fin et chaleureux. Se plaisant dans un folk des plus classiques il réussit à nous emporter dans une première composition à l’instrumentation acoustique vite addictive. On retrouve dans cette musique une véritable approche simple et sans fioriture d’un style qu’il transcende de sa maîtrise musicale.

Sans jamais tomber dans l’excès, le français puise dans la modération (chose rare à notre époque), pour nous proposer des compositions fines et cristallines. Chaleureux dans son approche d’un folk profond, Garciaphone joue principalement sur les cassures de rythmes pour mieux nous entraîner dans son univers aux déliés hypnotiques « Heirmet » ne s’interdisant pas parfois une audace presque rock dans une instrumentation faite de sonorités proche du 8 bits.

Il y a parfois du Radiohead dans certains titres, dans cette façon de marier une pop tortueuse et un folk lumineux dans un tout éblouissant « I’ll be a riddle ». Gravant sa musique dans un tout à l’atypisme raréfié, il ne cherche pas à sortir du lot, simplement à nous fournir une musique de qualité qui s’écoute sous la couette les yeux fermés. Authentique dans ses titres à la frontière parfois de la pop et du folk , Olivier Pérez puise dans une scène folk en constante évolution pour creuser son trou et s’imposer en songwriter à la Elliot Smith. On est bluffé par la perfection des compositions, par cette instrumentation qui en laissant rien au hasard réussissent à apparaître simples et spontanées , par cette simplicité de façade qui ne l’empêche pas d’innover par petites touches avec un soin particulier pour les harmonies entêtantes.

Enrichissant sa folk au fur et à mesure du déroulement de l’album en y injectant une vision pop, Olivier Pérez tisse sa toile folk sans être une seule fois obtus dans ses choix. Capable d’imposer avec délicatesse ses influences dans des compositions plutôt bien calibrées, le français nous fait frissonner de ses compositions aux instrumentations sereines et d’une beauté à couper le souffle.

Jamais une seule fois triste, la musique du Clermontois se plaît à multiplier les mélodies calmes pour mieux nous immerger dans une douceur rare à notre époque. La musique du français tente de déconstruire une société basée sur la vitesse. Ici point de Beat rapide, de tempo intenable, la musique de Garciaphone coule de source et profite pleinement des respirations humaines pour s’immiscer dans les déliés d’une mécanique éminemment humaine. Le français dessine à lui seul un style sur lequel le temps n’a pas de prise. Usant d’artefacts simples il nous entraîne avec simplicité dans un univers à la rondeur vivifiante.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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