Véritable phénomène musical monté en épingle par des médias en mal de nouveautés, Fauve débarque en ce mois de février nous proposant un spoken word (sorte de rap slamé) aux textes accrocheurs et à l’énergie communicative. Le collectif multimédia triture sons et mots pour un rendu bien écrit mais finalement vite rébarbatif.

Voilà des mois que l’on attendait cette sortie clamant haut et fort que cette fois ci le collectif allait faire voler en éclat le conformisme actuel de la chanson française pour proposer une autre voie, une autre façon de penser la musique.

Certes les Français innovent en proposant des titres joués plus que chantés et à l’écriture détaillant ce sentiment d’urgence et de malaise qui semble ravager cette société. Il y a chez Fauve de la rage, de la passion dans ces textes et ces musiques à l’image de leur premier titre « Voyou ». Jouant extrêmement juste, le collectif touche dans le mille en proposant une vision brutale, dure et confrontée à la réalité. La musique devient toile de fond mettant en exergue un texte rageur avec « leurs voix d’adolescents qui n’ont jamais mué ».

On pense à Caroline Cartier de France Inter dans l’approche très sound design d’une réalité exacerbée. Fauve nous rappelle ces réalisateurs (Romain Costa-Gavras,…) ayant une vision imaginaire, un peu adolescente voire rêvée d’un monde qui n’est finalement pas si tranché. A ce titre, chaque morceau est une descente aux enfers présentant leur vision d’un monde beau dans la dépression, d’une réalité cinématographique belle dans la déliquescence.

Malheureusement cette approche qui se veut sincère et franche tranche avec la réalité de leur formation et de leur attitude vis à vis des médias et du public. Vivant caché, cultivant un réel goût du mystère et de l’anonymat, ils paraissent ne pas assumer de bout en bout l’utilisation marketing intelligente d’une société qu’ils dénoncent.

Pour paraphraser le texte d’une chanson de Saez, il y a un côté Jeune et Con dans cette approche un poil adolescente. Cérébrale sans le dire, la musique de Fauve fonctionne plutôt bien mais parait un tantinet longue sur ce premier album. Les français ne révolutionnent pas le style mais apportent indéniablement un renouveau dans un marché musical parfois un peu trop standardisé.

Arnaud Le Tillau
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