/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 29-02-16

Emji – « Folies Douces »

Survolant la compétition de sa voix puissante et cristalline, Emji fut naturellement la nouvelle Star 2015 dans le célèbre télé crochet de D8. La jeune rousse nous revient aujourd’hui au travers d’un premier album mettant en avant cette voix impressionnante et un sens inné d’un pop onirique dont elle parsème l’intégralité des 15 titres de ce « Folies Douces ».

Démarrant sous le signe du mystérieux, Emji pose de suite le décor sur un « Dame Love » enchaînant refrains aux voix puissantes et couplets à la pop raffinée. Transcrivant une sorte de pop médiévale rappelant étrangement l’album « Lys & Love » de Laurent Voulzy, elle construit une pop entre noirceur et raffinement. Nous scotchant de sa précision vocale elle nous propose sur les titres comme « Lost » ou le lyrique « Jules » une vision très onirique d’une pop qu’elle parvient à rendre monumentale.

Travaillée et maîtrisée, la pop d’Emji apparaît vite addictive réussissant à se différencier des acteurs pop actuels. Car loin de se glisser dans une musique simple et lisse, la petite rousse du métro nous propose des compositions mêlant différents style et agrémentées de multiples pastilles sonores qui donnent au tout une homogénéité rare. Au travers d’une base extrêmement produite, Emji ne tombe pas dans le piège de la facilité et prend à chaque fois des risques nous emmenant dans un univers atypique qu’elle met excessivement bien en valeur.

Rappelant Sophie Maurin sur le très coloré « L’oiseau Vert » ou Emily Loizeau sur un « Picasso » mêlant travail mélodique et pop ciselée, Emji prouve une fois de plus son adaptabilité. Croisant pop dynamique et arrangements vaporeux sur un « Pas à Pas » frivole et bondissant, elle réussit à adapter son univers très orchestral à une pop actuelle sans jamais se renier. Fondamentalement positif, le titre égraine avec chaleur et vivacité une mélodie pop très prenante.

Au travers d’un style parfois un peu ampoulé (« Embrasse-moi »), elle instaure dans chacune de ses compositions une véritable théâtralité qui donne au tout une matière folle. Posant son empreinte musicale sur des titres à l’emphase un peu exagéré  « Désaccordée », elle conduit d’une main de maître un album millimétré.

Travaillant une pop ciselée, elle y instille une véritable faune sonore qui se mélange à merveille avec sa voix transformable à souhait. Utilisant son appareil vocal avec grâce, elle fait ployer les musiques de ses vocalises sans surcharger le tout et finit par nous emporter dans son univers atypique. Dans cette musique où le lyrisme vient côtoyer une pop rondelette à l’esthétisme toujours très affirmée, Emji loin de se résumer à une Mylène Farmer ayant retrouvé sa voix, prouve son adaptabilité sans jamais perdre sa personnalité propre.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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